Nous sommes le dimanche 2 mars, en 1873. Il fait un peu frais mais, pour l’heure, les Parisiens se précipitent au Théâtre de l’Odéon : Monsieur Edouard Colonne, jeune chef récemment remarqué dans une musique de scène composée par Massenet (Les Erinnyes), donne un concert à la tête d’un orchestre qu’il vient tout juste de fonder. Les esprits s’échauffent, les échanges fusent :
– Le nom de cet orchestre ?
– Le « Concert National » ! (NDLR : quelques mois plus tard, l’orchestre sera renommé « Concerts Colonne »).
– Ah bon... C’est leur tout premier concert ?
– Oui, mon cher. Et avec un programme !... Pensez donc : Monsieur Camille Saint-Saëns viendra lui-même
jouer son 2ème concerto. On entendra aussi la Symphonie Romaine d’un certain Felix Mendelssohn... (NDLR : cette symphonie est aujourd’hui connue sous le nom de Symphonie Italienne).
– Vous connaissez aussi Monsieur Bizet ?... On a donné son Arlésienne en novembre dernier... Eh bien, on nous promet une toute nouvelle œuvre de lui ! C’est, parait-il, une Suite d’orchestre dédiée au monde de l’enfance...
Enfin, à 14h, devant une salle comble, Edouard Colonne lève sa baguette, ouvrant une page d’histoire qui perdure depuis 150 ans.
Jean-Claude Casadesus a été timbalier de l’Orchestre Colonne durant près de 10 ans, faisant également là ses premières expériences de chef d’orchestre. Qui d’autre que lui pouvait légitimement faire revivre un tel événement ?
Pour succéder à Saint-Saëns et Pauline Viardot, les talents de Marie-Josèphe Jude et Tatiana Probst s’imposaient naturellement.