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Saison 2024-2025 de la Maîtrise Notre-Dame de Paris – Corne d’abondance

 
Au terme de plus de cinq années hors les murs, la Maîtrise Notre-Dame de Paris s’apprête à retrouver la cathédrale comme ses membres ne l’ont jamais connue. En raison de la métamorphose résultant de sa complète restauration intérieure : la pierre est devenue pure lumière (si bien des questions se posent quant à l’incidence sur l’acoustique du lieu, également pour l’orgue de tribune dont l’harmonisation se termine, l’optimisme prime) ; mais aussi, s’agissant du Chœur d’Enfants, par essence en constante mutation, parce qu’aucun jeune choriste actuellement en formation n’y a jamais chanté. Il en va différemment du Jeune Ensemble et du Chœur d’Adultes, mais l’impatience de retrouver leur cathédrale est pour tous la même, l’effervescence d’autant plus intense que la saison musicale s’annonce prodigieusement riche.
 
Le Chœur d'enfants de la Maîtrise Notre Dame de Paris © Léonard de Serres
 
La Maîtrise, ce sont cent cinquante élèves et étudiants de 5 à 28 ans, filles et garçons, recevant un total annuel de quelque 5000 heures de cours dispensées par vingt-cinq professeurs, pour une double mission : participer à la liturgie (jusqu’à 1200 offices l’an !, fonction naturellement maintenue durant les années hors les murs, à Saint-Germain-l’Auxerrois, « cathédrale » de substitution qui, fin novembre, retrouvera sa propre vie paroissiale) ainsi qu’à une saison musicale encore plus intense en 2025, puisant dans dix siècles de répertoire.
 
Retransmise en mondovision par France Télévisions, la réouverture solennelle, officielle et nationale, aura lieu le 7 décembre. Le président Emmanuel Macron interviendra à l’extérieur, sur le parvis, avant l’ouverture des portes par Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris. S’ensuivra un office avec « réveil » rituel du grand orgue, Magnificat et Te Deum (1). Également retransmise, la messe inaugurale proprement dite aura lieu le lendemain à 10 h 30, suivie d’une octave de célébrations, jusqu’au 15 décembre. Si la vie « normale » de la cathédrale reprendra dès le lendemain, les festivités se poursuivront néanmoins jusqu’au 8 juin, fête de la Pentecôte.
 
 
Henri Chalet © Léonard de Serres

Magnificat – double concert de réouverture
 
Le versant concerts de l’activité de la Maîtrise débutera les 17 et 18 décembre avec le programme Magnificat dirigé par Henri Chalet et Émilie Fleury, juste reflet de l’éclectisme de la Maîtrise : grand Salve Regina, O Virgo splendens du Livre Vermeil de Montserrat, Lux Aurumque pour le temps de Noël (chœur mixte a cappella) de l’Américain Eric Whitacre sur un poème d’Edward Esch (« Lumière, chaude et lourde comme de l’or pur, et les anges chantent doucement à l’enfant nouveau-né »), Regina Caeli pour chœur à sept voix égales de Lise Borel (Éditions Delatour), créé hors les murs le 19 mai 2020, à Saint-Eustache, par la Maîtrise de Radio France et celle de la cathédrale (cf. Pâques à Notre-Dame, Warner Classics, 2022), enfin – précédé d’Apparition de l’Église éternelle de Messiaen par Vincent Dubois en tribune – le festif Magnificat BWV 243 de Bach.
 

Emilie Fleury © Léonard de Serres
 
 
À réouverture exceptionnelle, saison exceptionnelle
 
Le mardi redevient, comme avant l’incendie du 15 avril 2019, le principal jour des rendez-vous musicaux de la cathédrale. Le concert d’ouverture de l’année 2025, le 7 janvier, à l’initiative de la Fondation Bettencourt Schueller, sera donné en partenariat avec la Philharmonie de Paris (programme non encore communiqué). Celui du 14 fera entendre la rare Suite liturgique (1942) d’André Jolivet (qu’Émilie Fleury avait dirigée à Notre-Dame et à Auvers-sur-Oise en 2015) et, pour refermer l’année du centenaire de sa mort, le Requiem de Fauré.
 
 S’ensuivront tout au long de l’année des récitals d’orgue, très attendus à la suite des travaux considérables effectués sur l’instrument de tribune, les premiers échos évoquant une plénitude, une homogénéité et un équilibre remarquables. Par ordre de programmation : Vincent Dubois, Olivier Latry, Thierry Escaich, Thibault Fajoles, Yves Castagnet et Jean-Pierre Leguay pour la cathédrale, puis leurs invités : David Cassan, Sophie-Véronique Cauchefer-Choplin, Daniel Roth, Jean-Willy Kunz (Montréal), Véronique Le Guen, Shin-Young Lee.
 
Notre-Dame accueillera en février la Maîtrise de Radio France (Double Chœur !, J. Alain, Bach et Frank Martin), renouera avec le répertoire italien (Cantate Domino, Monteverdi et Carissimi), s’associera en mars à l’Ensemble Organum de Marcel Pérès (Notre-Dame : La Légende des Siècles – monodies et polyphonies du XIau XIIIe siècle) avant d’offrir le cycle Membra Jesu Nostri – la Passion selon Buxtehude. En avril : Passion selon saint Jean de Bach par l’Ensemble Pygmalion et Raphaël Pichon, avec l’Évangéliste de Julian Prégardien ; soirée médiévale évoquant Les Riches heures de Notre-Dame, occasion de retrouver Sylvain Dieudonné, ici à la tête de l’Ensemble Pérotin le Grand.
 
Une riche et contrastée diversité continuera de dynamiser la saison 2025 : Vierne et Messiaen (Trois Petites Liturgies) avec l’Orchestre de Chambre de Paris, Nathalie Forget (ondes Martenot) et Roger Muraro (piano) ; Requiem de Mozart avec l’Orchestre National Auvergne-Rhône-Alpes ; Campra, Cavalli et Victoria – Salve Regina ; Notre-Dame des Flammes de Thierry Machuel d’après la Messe de Nostre-Dame de Guillaume de Machaut ; Górecki (Totus tuus), Gregorutti (voir ci-dessous) et Dvořák (Symphonie « du Nouveau Monde ») avec l’Orchestre Symphonique d’Ukraine… jusqu’à Chemin d’étoiles – Chansons des pèlerins de Saint-Jacques.

 

Thierry Escaich © Louis Nespoulos

 
Commandes et créations
 
La cathédrale, depuis l’École de Notre-Dame qui sera évoquée par Sylvain Dieudonné, a toujours été un lieu de création et d’innovation musicale, mission reprise par Musique Sacrée à Notre-Dame de Paris depuis sa fondation en 1991 – parmi les grands cycles ayant fait l’objet d’enregistrements, citons les Vêpres de la Vierge Marie de Philippe Hersant (CD MSNDP, 2014), Le Livre de Notre-Dame, création collective pour le jubilé de la cathédrale (CD MSNDP, 2015). La saison de la réouverture de la cathédrale sera elle-même riche en commandes et créations. À commencer par la première audition, le 25 mars, des Trois Motets pour Notre-Dame (chœur et violoncelle) commandés à Lise Borel, la Maîtrise invitant pour l’occasion Yo-Yo Ma, lequel jouera également divers extraits des Suites de Bach.
 
« De la nuit la plus obscure à la lumière la plus aveuglante, passant du feu "qui brûle mais n’éclaire pas" à une autre flamme "qui illumine mais ne brûle pas" » : commande a été passée à Thierry Escaich, nouveau titulaire du grand orgue, d’un Te Deum pour Notre-Dame qui sera créé le 12 juin par le Hessischer Rundfunk Sinfonieorchester Frankfurt, le Chœur du Narodowe Forum Muzyki (Forum National de la Musique de Wrocław, Pologne) dirigé par Lionel Sow, longtemps directeur musical de la Maîtrise, tous sous la baguette d’Alain Altinoglu. Thierry Escaich a souhaité une œuvre ouverte sur le monde, prolongeant les paroles du Te Deum par l’évocation « de grandes figures de l’histoire de ce haut lieu de la foi chrétienne, de saint Louis à Frédéric Ozanam, en passant par sainte Geneviève ou Paul Claudel ».
 
Le concert du 3 juillet conviant l’Orchestre Symphonique d’Ukraine fera quant à lui entendre en création mondiale une cantate sur le thème de la paix : Pax, Et in Terra Pax de Fabrice Gregorutti – dont le Chœur du Narodowe Forum Muzyki et Lionel Sow ont créé, en mars dernier, Et Lux Perpetua, chœur et orgue. Deux messes pour chœur et orgue ont d’ailleurs été commandées, l’une à la compositrice anglaise Judith Weir, maître de musique de la reine Elizabeth II et désormais de Charles III, qui sera créée au cours de la saison 2025-2026, l’autre à Jean-Charles Gandrille – dont le Magnificat et le Stabat Mater, dernière œuvre entendue à Notre-Dame avant l’incendie, ont été enregistrés par la Maîtrise (Warner Classics).
 

Yves Castagnet © Léonard de Serres
 
 
Yves Castagnet : Magnificat – le disque officiel de la réouverture
 
« J’ai composé mon Magnificat au printemps 2020, un an après l’incendie de Notre-Dame. J’avais déjà ce projet en tête depuis de nombreuses années, mais il restait enfoui au fond de mon esprit. Puis le temps a passé et j’ai fini par accepter l’idée de laisser s’exprimer mon attirance pour ce texte… » : l’œuvre d’Yves Castagnet, organiste de chœur (3) de Notre-Dame depuis trente-cinq ans et accompagnateur indéfectible de la Maîtrise dans sa mission de formation, a été enregistrée en 2022 à Sainte-Clotilde par la Maîtrise et le compositeur aux claviers. Ce Magnificat ne sera créé que le 30 septembre 2025 à Notre-Dame, sous la direction d’Henri Chalet, mais on pourra donc le découvrir bien avant sur le « disque officiel de la réouverture ».(2)

Michel Roubinet

 

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(2) à paraître chez Warner Classics le 29 novembre.

(3) Signalons la réédition chez Ad Vitam Records du programme flûte et orgue (Alain, Schroeder, Bartók, Godard, Gluck, Telemann, Krebs, Haendel) de Jocelyn Daubigney et Yves Castagnet, enregistré en 1992 sur l'orgue de chœur de Notre-Dame. "Seul enregistrement consacré à l'orgue de chœur en tant que tel, il constitue donc un témoignage exceptionnel de ce qu'était l'image sonore de cet orgue avant l'incendie", souligne Y. Castagnet (1 CD AV 241115 - sortie le 10 janvier 2025/ dist. PIAS / www.advitam-records.com/hdrs.php
 

 
Saison 2024-2025 de la Maîtrise Notre-Dame de Paris
musique-sacree-notredamedeparis.fr/concert/24-25/?mm=12

Photo © Yannick Boschat

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