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Je suis un homme ridicule au Théâtre de l’Athénée - Voyage intérieur et interstellaire - Compte-rendu
Après sa création le 21 février dernier au Théâtre Jean-Vilar de Vitry, le Théâtre de l’Athénée accueille à son tour Je suis un homme ridicule. À l’origine de cet opéra tout ce qu’il y a de contemporain, il y a la nouvelle de Dostoïevski, Le Rêve d’un homme ridicule. Qui raconte les émois d’un personnage empreint aux doutes, pense un instant au suicide puis finit par s’endormir en rêvant d’un autre monde, une planète idéale. Cette trame est reprise fidèlement par l’opéra, dans son livret et sa traduction musicale, et scelle une autre rencontre, entre le compositeur Sébastien Gaxie (1977) et le librettiste, mais aussi metteur en scène, Volodia Serre.
C’est ainsi que la musique part d’un dialogue entre le personnage central, l’excellent comédien (poussant aussi fermement la note) Lionel Gonzalez, et son double, le baryton Lionel Peintre, dans une facture de parlé-chanté sur un tissus instrumental parcellaire. Puis, au moment de la concrétisation scénique du rêve, dans un développement du propos musical, avec l’appoint plus soutenu des instruments et d’un ensemble vocal, mais aussi d’un chant désormais mieux affecté aux deux solistes. Le langage musical serait celui d’un mélodrame au-dessus d’une déclamation, première partie, puis d’un épanchement dans des textures variées, plus opératiques en quelque sorte, qui n’hésitent pas à la valse ou au jazz, mais ressortissent surtout à une forme incantatoire planante. Dans une esthétique oscillant entre le dernier Stockhausen et Philip Glass…
© Sébastien Gaxie
La réalisation scénique suit un même parcours, depuis deux personnages isolés dans un néant de toiles noires piquées de rares projections tout aussi ténébreuses, pour soudainement s’ouvrir à la foule des musiciens, instrumentistes, choristes et chef, grimés de grisailles, et à un décorum d’imageries appuyées. Ces dernières se fondent sur un socle en forme de cercle (planétaire ?), accueillant quelque forêt équatoriale en miniature, sur lequel les intervenants vont et viennent, le tout repris par projections filmées en direct sur écran en fond de scène. À la fois imaginatif et efficace.
© Sébastien Gaxie
On se laisserait ainsi séduire. Sauf que l’intrigue, aussi bien que la musique, échappent insidieusement, le temps passant, à une transmission claire. Les paroles deviennent mal intelligibles, à l’égal dirait-on de celles des premières apparitions chorales (sur des mots en langue Hopi, d’origine aztèque, sur lesquels sont censés s’exprimer le peuple de la planète inconnue !). Alors que la musique s’éparpille en micro-formules pointillistes. La sonorisation, pour chacun des interprètes vocaux, justifiée par un traitement électroacoustique en temps réel, n’y fait rien. Ni la mise en scène, statique ou dans des mouvements peu significatifs. Et l’on finit par se perdre peu à peu et parfois décrocher…
Ce n’est pourtant pas faute de bons interprètes, les irréprochables neuf musiciens de l’ensemble 2e2m et les six chanteurs de l’Ensemble vocal Musicatreize, comme de la direction attentive de Pierre Roullier, en sus des deux protagonistes principaux, dont le toujours efficace Lionel Peintre. Un beau projet, dans une belle réalisation, où n’aurait seulement manqué qu’une petite dose de stricte rigueur.
Pierre-René Serna
Sébastien Gaxie / Volodia Serre : Je suis un homme ridicule - Paris, Théâtre de l’Athénée, 28 février ; prochaines représentations les 3 et 4 mars 2017 / www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/je_suis_un_homme_ridicule.htm
Photo © Sébastien Gaxie
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