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​Georgi Anichenko & Anastasya Terenkova au Festival International de Colmar 2025 – Rêver et chanter – Compte rendu

 
La musique de chambre est reine au théâtre municipal de Colmar durant le Festival, avec un rendez-vous quotidien à 18h. Grâce à Alain Altinoglu, on a eu le bonheur d’y découvrir le violoncelliste Georgi Anichenko, membre depuis 2017 de l’Orchestre de La Monnaie (dont le chef français est directeur musical depuis 2016).
Un instrumentiste d’une finesse et d’une élégance remarquables qui, après avoir posé les bases de son art à Minsk puis Moscou (où il a obtenu le 1er Prix du Concours International des Jeunes Interprètes en 1996) est entré à 15 ans, en 2000, au Conservatoire de Paris, où il a travaillé auprès de Philippe Müller et Jérôme Pernoo entre autres. La cité alsacienne l’a reçu en compagnie d’une partenaire de prédilection, Anastasya Terenkova, dont le parcours, de son Moscou natal au CSNMDP (dans la classe de Jacques Rouvier), s’apparente à celui du violoncelliste.

 

© FIC – Bertrand Schmitt

 
Sens du timbre et intelligence de phrasé
 
Et c’est d’ailleurs par un hommage à la France que le concert commence avec la Sonate pour violoncelle de Debussy. Un moment de poésie au cours duquel la souplesse d’archet de G. Anichenko et un sens du timbre partagé avec la pianiste aboutissent à résultat fantasque et effusif à souhait. Place ensuite aux trois Fantasiestücke op. 73 de Schumann. De la tendresse du n°1 à l’élan farouche du n°3, l’interprétation conserve toujours une dimension intimiste faite d’onirisme et de frémissante expressivité (que ne sauraient altérer quelques instants un brin flottants côté clavier dans le Rasch mit Feuer conclusif).

Le sens de la respiration et l’intelligence de phrasé ne séduisent pas moins dans les Sept Variations sur un thème de la Flûte enchantée WoO 46 de Beethoven que les musiciens mettent véritablement "en scène" au fil d’un échange synonyme de charme, d’esprit et de pétillante vitalité.
L’énergie ne manque pas non plus à la Sonate op. 36 de Grieg placée en conclusion ; énergie maîtrisée au service d’une conception très narrative et d’une grande simplicité de ton. Toute l’humanité et le lyrisme sans manière (magnifique Andante molto tranquillo) du compositeur norvégien s’expriment là, avec une complicité, un équilibre et un naturel auxquels on cède immanquablement.
 

Alain Cochard
 

Colmar, Théâtre municipal, 9 juillet 2025
 
Photo © FIC – Bertrand Schmitt

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