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Installation d’Angelin Preljocaj sous la Coupole de l’Académie des Beaux Arts – La danse en marche a trouvé son siège

 
 
Le petit homme est devenu un grand homme : élu le 24 avril 2019, Angelin Preljocaj sera enfin installé le 21 mai, par Astrid de la Forest, au fauteuil d’académicien de la section de chorégraphie de l’Académie des Beaux Arts, où ont déjà  pris place Carolyn Carlson, Bianca Li et Thierry Malandain. Deux femmes, deux hommes, le compte est bon ! On aimerait bien que Jean Christophe Maillot les rejoigne, lui qui a tant œuvré pour un art en perpétuelle mutation.
Vie prodigieuse que celle de Preljocaj, 68 ans, fils de réfugiés albanais, grandi à Champigny et devenu l’une des images phares de la danse française, tant il s’est impliqué au cœur de démarches artistiques d’une extrême variété, avec la complicité des Bilal et autres prestigieux compères, Quignard, Alaïa... Jamais il n’a lâché sa quête d’expression axée sur son temps, presque jamais il n’a déçu, car la liberté qu’on s’octroie dans l’expression gestuelle quand elle veut aller le plus loin possible est parfois dangereuse, et surtout jamais il n’a oublié qu’il gérait des spectacles et non seulement des fantasmes, et que le public devait comprendre sa démarche.

Un créateur qui sait écouter
 
Formidable ascension qui lui  permis d’obtenir ce que peu ont, ce Pavillon Noir aixois d’où il distille avec une troupe d’exception toutes les réflexions que lui procure la lecture du monde, Et avec quelle subtilité, quelle intelligence dans la variété des thèmes abordés, quelle opulence de mouvements, quelle force des ensembles ! Son œuvre est énorme, parfois provocante, parfois plus souple, du Parc au regretté Casanova, trop peu donné à l’Opéra de Paris, à sa fameuse Blanche neige, si discutée par les puristes, au subtil La Fresque et au fabuleux Licht que le Théâtre de la Ville vient de voir éclore. Social ou abstrait, il s’imbibe de tout et retransmet ses émotions, ses réflexions, en fresques étranges, fascinantes. Un créateur qui sait écouter, ce qui est une grande force.
Le voilà donc prêt à cueillir ses palmes, dans un habit transformé par Philippe Guilet, dont un pan virevoltera, hommage au mouvement, et avec une épée qui sera juste de noyer, bâton de pluie signé Constance Guisset, couronnée d’un petit disque de météorite. Fausse modestie ou vrai désir de simplicité, d’union avec les éléments, façon de se différencier ? Aimable et souriant, l’homme est en fait insaisissable, et c’est pourquoi le monde entier des balletomanes se cramponne à son sillage, pour être, une nouvelle fois, étonné !

 
 Jacqueline Thuilleux
 

> Les prochains spectacles de danse <

Académie des Beaux Arts, le 21 mai 2025

© Jörg Letz

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