« J’entends par art, la faculté d’exprimer une pensée sous la forme la plus claire, la plus simple, c’est-à-dire la plus “intelligible” ». Webern adresse sa profession de foi à son amie, la poétesse Hildegarde Jone, qu’il met en musique dans ses deux cantates. Œuvres ultimes et souveraines, très rarement jouées en raison des effectifs requis, les cantates sont la synthèse de l’art de Webern, combinant techniques de canons et symétries, les références à la polyphonie du xvie siècle, la fugue et le lied, avec l’inventivité des timbres et des perspectives. Et lorsque Webern orchestre le Ricercar de Bach, la présence fantomatique du passé est encore plus explicite. C’est aussi une construction en miroir qu’adopte Philippe Manoury dans sa Passacaille pour Tokyo : la mise en abîme d’un dessin initial. Enfin en écho explicite à Webern, l’Autrichien Johannes Maria Staud rencontre ici la poésie moderniste de William Carlos Williams.