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Tosca à l’Opéra de Marseille (Streaming à partir du 28 fév.) – Lumineuse Jennifer Rowley – Compte-rendu
Tosca à l’Opéra de Marseille (Streaming à partir du 28 fév.) – Lumineuse Jennifer Rowley – Compte-rendu
Il y avait six représentations de Tosca programmées à l’Opéra de Marseille entre le 9 et le 21 février. Toutes affichaient quasiment complet… Une crise sanitaire plus tard, seules quelques personnes, dont nous avons eu la chance de faire partie mardi 16 février, ont pu profiter d’un spectacle dont la captation sera fort heureusement accessible à tous à partir du 28 février.
Louis Désiré a pris ses quartiers d’hiver à Marseille. Après avoir signé une Bohème pour les fêtes de fin d’année (1) – spectacle qui aura permis d’applaudir la remarquable Mimi d’Angélique Boudeville – et avant d’attaquer les répétitions d’une nouvelle production de Luisa Miller (attendue du 23 au 30 mars, sous la direction de Paolo Arrivabeni), il a ressorti des cartons sa mise en scène de Tosca donnée ici même en 2015. Dans sa note d’intention, il y a six ans, Louis Désiré écrivait avoir « voulu tenter le pari d’une Tosca cinématographique ». Voilà qui tombe à point pour une production destinée à être captée et diffusée sur les petits écrans. Et il est vrai que les ambiances et les clairs-obscurs soignés (Patrick Meüss signe les lumières), un dispositif scénique rotatif unique et intelligent sont autant de points d’appui solides pour le réalisateur chargé de filmer l’opéra. Une production qui a du caractère et des décors qui fonctionnent à merveille comme le double portrait chargé de symboles de la Madone (une brune, une blonde) dans le chœur de l’église Sant'Andrea ou la cage prison de Mario Cavaradossi au château Sant'Angelo.
Au cœur de cet environnement propice à l’exacerbation des sentiments il faudra cependant attendre le Te Deum au final du premier acte pour connaître les premiers vrais frissons. Si les voix de Jennifer Rowley, dans le rôle-titre et de Marcelo Puente, Mario, sont de qualité, les deux ont du mal à émouvoir en première partie de spectacle. Le drame deviendra plus dense et développera sa puissance avec l’arrivée de Scarpia accompagnée par la spatialisation sonore du chœur installé au premier balcon et superbement préparé par Emmanuel Trenque.
Louis Désiré a pris ses quartiers d’hiver à Marseille. Après avoir signé une Bohème pour les fêtes de fin d’année (1) – spectacle qui aura permis d’applaudir la remarquable Mimi d’Angélique Boudeville – et avant d’attaquer les répétitions d’une nouvelle production de Luisa Miller (attendue du 23 au 30 mars, sous la direction de Paolo Arrivabeni), il a ressorti des cartons sa mise en scène de Tosca donnée ici même en 2015. Dans sa note d’intention, il y a six ans, Louis Désiré écrivait avoir « voulu tenter le pari d’une Tosca cinématographique ». Voilà qui tombe à point pour une production destinée à être captée et diffusée sur les petits écrans. Et il est vrai que les ambiances et les clairs-obscurs soignés (Patrick Meüss signe les lumières), un dispositif scénique rotatif unique et intelligent sont autant de points d’appui solides pour le réalisateur chargé de filmer l’opéra. Une production qui a du caractère et des décors qui fonctionnent à merveille comme le double portrait chargé de symboles de la Madone (une brune, une blonde) dans le chœur de l’église Sant'Andrea ou la cage prison de Mario Cavaradossi au château Sant'Angelo.
Au cœur de cet environnement propice à l’exacerbation des sentiments il faudra cependant attendre le Te Deum au final du premier acte pour connaître les premiers vrais frissons. Si les voix de Jennifer Rowley, dans le rôle-titre et de Marcelo Puente, Mario, sont de qualité, les deux ont du mal à émouvoir en première partie de spectacle. Le drame deviendra plus dense et développera sa puissance avec l’arrivée de Scarpia accompagnée par la spatialisation sonore du chœur installé au premier balcon et superbement préparé par Emmanuel Trenque.
© Christian Dresse
La soprano américaine est une spécialiste du rôle. Ligne de chant idéale, précision et maîtrise, elle donne toute sa chair à Tosca au deuxième acte où elle livre son « Vissi d’arte » de façon lumineuse et sensible, contrastant avec la violence de son affrontement physique et psychologique avec le chef de la police. Le Scarpia de Samuel Youn, monstrueusement malsain et vocalement presque trop monumental, a tendance à écraser le deuxième acte. Le Coréen est un baryton franc à la projection puissante dont la prestation gagnerait sans doute à plus de contrôle. Cela dit, le face à face avec une Tosca de forte personnalité ne laisse personne insensible et tient en haleine jusqu’au mortel coup de dague. Beaux aigus, puissance et totale maîtrise de son chant qu’il module à la perfection, Marcelo Puente est un Mario idéal – admirable « E lucevan le stelle ».
Du côté des seconds rôles, Loïc Félix offre un excellent Spoletta et Jean-Marie Delpas ne convainc pas moins en Sciarrone. L’Angelotti de Patrick Bolleire ne fait que passer et le sacristain de Jacques Calatayud est bien dans sa soutane. Au même titre l’homme d’église accroché aux basques de Scarpia et campé par Antoine Bonelli, qui n’ouvrira la bouche que pour boire un verre de vin de son maître… Normal, le rôle est muet !
Tout comme pour La Bohème il y a quelques semaines, une réduction pour une vingtaine d’instrumentistes est proposée ; pour Tosca aussi le matériel existait puisque ce type d’arrangement était pratiqué afin de pouvoir donner des représentations dans de petits théâtres. A la tête de l’ensemble orchestral de l’Opéra de Marseille, le maestro Giuliano Carella a su pallier le faible nombre de musiciens par une direction précise et tendue qui, à défaut d’apporter du volume, donne un relief superbe à la partition de Puccini.
Avec cette Tosca, l’Opéra de Marseille, soutenu par la ville, poursuit cette saison si particulière en espérant pouvoir faire de même avec Luisa Miller dont les répétitions débutent lundi 22 février.
Michel Egéa
La soprano américaine est une spécialiste du rôle. Ligne de chant idéale, précision et maîtrise, elle donne toute sa chair à Tosca au deuxième acte où elle livre son « Vissi d’arte » de façon lumineuse et sensible, contrastant avec la violence de son affrontement physique et psychologique avec le chef de la police. Le Scarpia de Samuel Youn, monstrueusement malsain et vocalement presque trop monumental, a tendance à écraser le deuxième acte. Le Coréen est un baryton franc à la projection puissante dont la prestation gagnerait sans doute à plus de contrôle. Cela dit, le face à face avec une Tosca de forte personnalité ne laisse personne insensible et tient en haleine jusqu’au mortel coup de dague. Beaux aigus, puissance et totale maîtrise de son chant qu’il module à la perfection, Marcelo Puente est un Mario idéal – admirable « E lucevan le stelle ».
Du côté des seconds rôles, Loïc Félix offre un excellent Spoletta et Jean-Marie Delpas ne convainc pas moins en Sciarrone. L’Angelotti de Patrick Bolleire ne fait que passer et le sacristain de Jacques Calatayud est bien dans sa soutane. Au même titre l’homme d’église accroché aux basques de Scarpia et campé par Antoine Bonelli, qui n’ouvrira la bouche que pour boire un verre de vin de son maître… Normal, le rôle est muet !
Tout comme pour La Bohème il y a quelques semaines, une réduction pour une vingtaine d’instrumentistes est proposée ; pour Tosca aussi le matériel existait puisque ce type d’arrangement était pratiqué afin de pouvoir donner des représentations dans de petits théâtres. A la tête de l’ensemble orchestral de l’Opéra de Marseille, le maestro Giuliano Carella a su pallier le faible nombre de musiciens par une direction précise et tendue qui, à défaut d’apporter du volume, donne un relief superbe à la partition de Puccini.
Avec cette Tosca, l’Opéra de Marseille, soutenu par la ville, poursuit cette saison si particulière en espérant pouvoir faire de même avec Luisa Miller dont les répétitions débutent lundi 22 février.
Michel Egéa
(1) www.concertclassic.com/article/la-boheme-de-puccini-lopera-de-marseille-une-mimi-nous-est-donnee-compte-rendu
Puccini : Tosca – Marseille, Opéra, le 16 février 2021. La vidéo (captation le 19 février) sera mise en ligne le 28 février à 17 heures sur opera.marseille.fr et demeurera disponible jusqu’au 28 mars 2021
Photos © Christian Dresse
Puccini : Tosca – Marseille, Opéra, le 16 février 2021. La vidéo (captation le 19 février) sera mise en ligne le 28 février à 17 heures sur opera.marseille.fr et demeurera disponible jusqu’au 28 mars 2021
Photos © Christian Dresse
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