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Théo Fouchenneret, Simon Proust et l’Orchestre Ostinato à Prima la Musica ! (Vincennes) – Souffle juvénile - Compte-rendu
L’entreprenante programmation de Prima la Musica !, à l’auditorium Jean-Pierre Miquel de Vincennes, sait sortir de l’ordinaire. Ainsi ce séduisant concert réunissant le 3e Concerto de Bartók et la 9e Symphonie de Chostakovitch – tous deux datés de 1945 ! – préludés par les Danses de Marosszék de Kodály (de peu antérieures, de 1930). Des œuvres peu fréquentes judicieusement mises en miroir par leur contexte géographique (l’Europe de l’Est) et historique. Pour ce faire, place est donnée à des interprètes prometteurs et tout aussi peu fréquents : le chef d’orchestre Simon Proust (photo) et le pianiste Théo Fouchenneret, devant l’orchestre-atelier Ostinato. Autant de jeunes musiciens, instrumentistes, soliste et chef de moins de trente ans !
Théo Fouchenneret © DR
Mais, au-delà de l’énoncé déjà attractif de l’affiche, le résultat interprétatif gratifie au plus haut point. D’entrée, la pièce de Kodály se fait virevoltante dans une précision de chaque instant de musiciens exaltés sous une direction incisive. Le Concerto de Bartók, cet « ouragan sonore » selon le mot de Philip de la Croix directeur de Prima la musica !, confirme ces prémices encourageants côté ardeur de l’orchestre, assorti d’un piano farouche et transcendé sous des doigts emportés de vaillante lutte. Fouchenneret s’affirme, depuis son premier Prix au Concours international de Genève (1), comme un interprète avec qui il faut désormais compter.
Après ce Concerto testamentaire, la Neuvième de Chostakovitch figure une autre œuvre laissée à la postérité, mais dans un registre différent, apaisé (ce qui lui vaudra les foudres de Staline). Faisant suite aux surpuissantes 7e et 8e Symphonies, le compositeur entend célébrer le fin de l’hécatombe de la guerre mondiale par une manière d’hymne à la paix, heureux presque joyeux, pour une formation réduite (une cinquantaine d’instrumentistes, tout à fait à l’effectif d’Ostinato). La plus légère de ses quinze symphonies ! Elle n’en est pas moins percutante, dans la présence acoustique du petit auditorium, entre ses moments d’intériorité et d’élégie, emmenée par la fougue d’un orchestre obéissant comme un seul homme à la direction innervée de Simon Proust. Atelier d’orchestre constitué de tout jeunes instrumentistes (souvent premiers Prix de Conservatoire) dont on apprécie les apparitions régulières (en compagnie de l’Académie de l’Opéra de Paris, par exemple), Ostinato manifeste une fois encore de remarquables potentialités de souffle et de cohésion. À souligner aussi le rôle moteur lancé par le premier violon, le musicien intervenant Jan Orawiec (violon solo à l’Orchestre Les Siècles). Et d’autant mieux, sous l’allant et l’impact dispensés par ce jeune chef, actuellement chef assistant de l’Ensemble Intercontemporain. Autre interprète à suivre !
Pierre-René Serna
(1) Voir le compte-rendu de ce concours :
www.concertclassic.com/article/73e-concours-international-de-musique-de-geneve-pianofinale-partage-franco-russe-compte
Vincennes, Auditorium Jean-Pierre Miquel, 12 avril 2019 // www.primalamusica.fr/fr/Accueil.htm
Photo © simonproust.com
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