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Santtu-Matias Rouvali dirige l’Orchestre philharmonique de Radio France – La belle entente – Compte-rendu

Pour la première fois depuis dix ans – si l’on excepte un remplacement au pied levé en 2021 – ce n’est pas Mikko Franck qui ouvre la saison du Philhar. En attendant la prise de fonctions, en septembre prochain, de son successeur Jaap van Zweden, cette rentrée est confiée à Santtu-Matias Rouvali.(photo) Un choix on ne peut plus judicieux puisque le chef finlandais, qui fêtera ses quarante ans dans quelques semaines, entretient depuis déjà longtemps d’excellents rapports avec l’orchestre.
Cette parfaite entente se remarque dès l’Ouverture festive de Chostakovitch, œuvre de circonstance, commandée en 1954 pour célébrer l’anniversaire de la Révolution d’Octobre. Santtu-Matias Rouvali la dirige exactement comme il convient, sans rien forcer, ni l’emphase ni le caractère mécanique. Alors, derrière une allégresse de façade, peut s’entrapercevoir quelque chose de grinçant.

Leonídas Kavákos © Christophe Abramowitz - Radio France
Accord parfait
Le climat est tout autre dans le Deuxième Concerto pour violon (1967) du même auteur, œuvre méditative, personnelle, où l’orchestre suit les accents obstinés du soliste. Leonídas Kavákos y montre une hauteur de vue imperturbable, d’une précision tranchante, forte mais sans débordement. L’accord est parfait avec le travail du chef, qui dote l’orchestre d’un souffle tragique plutôt qu’épique et laisse aux vents l’espace pour s’épanouir. En bis, la Loure de la Troisième Partita de Bach prolonge le climat des cadences qui émaillent chacun des mouvements du concerto.

Alma Bettencourt, organiste en résidence à l'Auditorium de Radio France © Victor Toussaint
Une lecture aboutie
Après l’entracte, le Chœur de Radio France dirigé par Lionel Sow enchaîne deux pièces de Philippe Hersant : le Psaume 121, extrait des Vêpres de la Vierge que le chef avait créées en 2013 à Notre-Dame , est précédé de la création d’In diebus nostris. Cette courte page, à la construction simple, est particulièrement touchante quand la polyphonie se renverse : les trois trombones (et deux trompettes en coulisses) prennent en charge la mélodie, soutenus par le chœur en bourdon.
Ces deux pièces marquent l’entrée en scène d’Alma Bettencourt (1), la jeune organiste en résidence cette année à l’Auditorium de Radio France. On la retrouve en majesté dans la Troisième Symphonie de Saint-Saëns. Elle participe à la lecture particulièrement aboutie de Santtu-Matias Rouvali, qui tire le meilleur parti de tous les pupitres de l’orchestre. Le chef, qui dirigeait ici le chef-d’œuvre symphonique de Saint-Saëns pour la première fois, tente beaucoup et réussit tout : sa direction est enlevée et précise, et l’orchestration se révèle dans toute sa subtilité. L’Orchestre philharmonique de Radio France lance sa saison de la plus belle des manières.
Jean-Guillaume Lebrun

(1) Lire l’interview d’Alma Bettencourt : https://www.concertclassic.com/article/une-interview-dalma-bettecourt-organiste-et-pianiste-jecoute-les-couleurs-de-linstrument
(2) Lire le CR : www.concertclassic.com/article/les-vepres-de-philippe-hersant-notre-dame-de-paris-musique-de-lespace-compte-rendu
Paris, Maison de la Radio et de la Musique, le 12 septembre 2025
Photo S-M Rouvali © Marco Borggreve
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