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Saint-Saëns et Gounod par l’Orchestre de la Garde Républicaine au Festival de la Chaise-Dieu 2021 – Forcément macabre – Compte-rendu
Saint-Saëns et Gounod par l’Orchestre de la Garde Républicaine au Festival de la Chaise-Dieu 2021 – Forcément macabre – Compte-rendu
Indépendamment du festival musical qui y a été établi il y a plus d’un demi-siècle, l’Abbatiale Saint-Robert de La Chaise-Dieu a pour principal titre de gloire les fresques ornant les parois latérales du chœur des moines, trois panneaux peints au XVe siècle, sur lesquels des squelettes entraînent dans leur sarabande des représentants de toutes les classes sociales. En cette année 2021 où l’on commémore le centenaire de la mort de Camille Saint-Saëns, le festival pouvait-il se dispenser de programmer la plus célèbre page musicale qu’ait inspirée ce thème ? Longtemps chère aux abonnés des concerts symphoniques, puis un peu délaissée à cause de sa célébrité même, la Danse macabre de Saint-Saëns est au centre du concert donné par l’Orchestre de la Garde Républicaine, formation qui avait été l’une des dernières à se présenter lors de la dernière édition du festival, en 2019. Les instrumentistes militaires sont de retour, accompagnés par le Chœur de l’Armée Française, invité pour la première fois en ce lieu.
Pour l’occasion, Saint-Saëns partage l’affiche avec son aîné Gounod, chacun se voyant accorder l’une des deux parties du concert. Tout commence par le prélude de la « cantate biblique » pour solistes, chœur et orchestre Le Déluge, écrit en 1875. Cette courte introduction est d’abord emprunte d’une certaine sévérité, qui peut rappeler la musique ancienne dont Saint-Saëns était alors l’un des défenseurs ; le reste de la pièce adopte une douceur plus caressante, plus dansante, qui explique peut-être le succès que ce prélude connut longtemps au concert. C’est dès 1872 que Saint-Saëns avait composé une mélodie sur le poème d’Henri Cazalis, dont il décida ensuite de tirer un poème symphonique. La Danse macabre accord son moment de gloire à chacun des pupitres de la Garde Républicaine, sous la baguette stricte du colonel François Boulanger (photo). Cette partie s’achève avec le 1er Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns, dans lequel Bruno Philippe (photo) relève avec panache le défi que semble s’être fixé le compositeur : rendre le violoncelle aussi volubile et virtuose que le violon. Sensible aux applaudissements du public, le soliste proposera la Sarabande de la 1ère Suite de Bach en bis.
Pour l’occasion, Saint-Saëns partage l’affiche avec son aîné Gounod, chacun se voyant accorder l’une des deux parties du concert. Tout commence par le prélude de la « cantate biblique » pour solistes, chœur et orchestre Le Déluge, écrit en 1875. Cette courte introduction est d’abord emprunte d’une certaine sévérité, qui peut rappeler la musique ancienne dont Saint-Saëns était alors l’un des défenseurs ; le reste de la pièce adopte une douceur plus caressante, plus dansante, qui explique peut-être le succès que ce prélude connut longtemps au concert. C’est dès 1872 que Saint-Saëns avait composé une mélodie sur le poème d’Henri Cazalis, dont il décida ensuite de tirer un poème symphonique. La Danse macabre accord son moment de gloire à chacun des pupitres de la Garde Républicaine, sous la baguette stricte du colonel François Boulanger (photo). Cette partie s’achève avec le 1er Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns, dans lequel Bruno Philippe (photo) relève avec panache le défi que semble s’être fixé le compositeur : rendre le violoncelle aussi volubile et virtuose que le violon. Sensible aux applaudissements du public, le soliste proposera la Sarabande de la 1ère Suite de Bach en bis.
© Bertrand Pichène
Après une courte pause plutôt qu’un entracte, Gounod est à l’honneur, non pas le père de Faust ou de Roméo et Juliette, mais le tout jeune apprenti compositeur, le lauréat du Prix de Rome séjournant à la Villa Médicis. C’est en 1841, âgé d’à peine 23 ans, qu’il dirigea sa Messe de Saint-Louis-des-Français dans l’église romaine qui lui a donné son nom, et il faut bien avouer que cette œuvre n’est pas exempte d’une certaine maladresse, notamment dans le recours aux voix solistes. Le chœur de l’Armée Française y brille par son homogénéité, et l’écriture chorale est de fait l’aspect le mieux maîtrisé de cette composition. Mais par quelle fantaisie Gounod voulut-il y faire intervenir une contralto qui n’a guère pour briller que sa courte participation au Kyrie, car elle ne réapparaît ensuite qu’une fois, et contrainte de fondre sa voix dans l’ensemble ? Quoique sous-employée, Majdouline Zerrari tire fort bien son épingle du jeu. La partie de ténor montre aussi que Gounod n’avait pas encore trouvé son langage propre : on pourrait reprocher à Joseph Kauzman quelques notes hautes trop ouvertes, mais ce serait oublier que la partition exige du ténor des aigus quasi rossiniens (le chanteur de la version discographique publiée en 2018 par le Palazzetto Bru Zane semblait parfois en difficulté dans cette tessiture tendue). Et l’Agnus Dei final s’achève avec une discrétion excessive, comme en suspens, laissant l’auditeur dans l’incertitude, ne sachant si l’œuvre est déjà terminée ou non.
Deux bis seront néanmoins concédés, dont le Cantique de Jean Racine de Fauré, qui réunit une dernière fois l’orchestre et le chœur préparé par la lieutenante-colonelle Aurore Tillac.
Laurent Bury
Après une courte pause plutôt qu’un entracte, Gounod est à l’honneur, non pas le père de Faust ou de Roméo et Juliette, mais le tout jeune apprenti compositeur, le lauréat du Prix de Rome séjournant à la Villa Médicis. C’est en 1841, âgé d’à peine 23 ans, qu’il dirigea sa Messe de Saint-Louis-des-Français dans l’église romaine qui lui a donné son nom, et il faut bien avouer que cette œuvre n’est pas exempte d’une certaine maladresse, notamment dans le recours aux voix solistes. Le chœur de l’Armée Française y brille par son homogénéité, et l’écriture chorale est de fait l’aspect le mieux maîtrisé de cette composition. Mais par quelle fantaisie Gounod voulut-il y faire intervenir une contralto qui n’a guère pour briller que sa courte participation au Kyrie, car elle ne réapparaît ensuite qu’une fois, et contrainte de fondre sa voix dans l’ensemble ? Quoique sous-employée, Majdouline Zerrari tire fort bien son épingle du jeu. La partie de ténor montre aussi que Gounod n’avait pas encore trouvé son langage propre : on pourrait reprocher à Joseph Kauzman quelques notes hautes trop ouvertes, mais ce serait oublier que la partition exige du ténor des aigus quasi rossiniens (le chanteur de la version discographique publiée en 2018 par le Palazzetto Bru Zane semblait parfois en difficulté dans cette tessiture tendue). Et l’Agnus Dei final s’achève avec une discrétion excessive, comme en suspens, laissant l’auditeur dans l’incertitude, ne sachant si l’œuvre est déjà terminée ou non.
Deux bis seront néanmoins concédés, dont le Cantique de Jean Racine de Fauré, qui réunit une dernière fois l’orchestre et le chœur préparé par la lieutenante-colonelle Aurore Tillac.
Laurent Bury
La Chaise-Dieu, Abbatiale Saint-Robert, mardi 24 août 2021
Photo © Bertrand Pichène
Photo © Bertrand Pichène
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