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​Roméo et Juliette de Berlioz par l’Orchestre philharmonique de Strasbourg et John Nelson – Souffle et intensité – Compte-rendu

 
Comme les années précédentes, John Nelson (photo) s’attaque à une œuvre clef de Berlioz à la tête de l’Orchestre philharmonique de Strasbourg. Après de mémorables Troyens et Damnation de Faust (1), place cette fois à Roméo et Juliette. La symphonie dramatique pour orchestre, chœur et solistes vocaux, avait été donnée à Strasbourg les 7 et 8 juin, avant sa reprise à la Philharmonie de Paris. Précisons qu’un enregistrement a été réalisé parallèlement à cette série, qui sortira au printemps 2023 chez Warner Classics.(2)
 
Dans la vaste salle parisienne, les effectifs sont distribués en fonction des mouvements de la symphonie : chœur sur le balcon en contre-haut, ainsi que les deux chanteurs solistes des petites interventions du Prologue, puis petit chœur en coulisses, orchestre sur le plateau de même que le chanteur intervenant dans le Finale. Ce qui a nécessité des interruptions, pour les allées et venues de ces intervenants, ponctuées d’applaudissements du public, ainsi qu’un entracte, relativement inappropriés pour la continuité de ce qui reste une symphonie !
 
Joyce DiDonato et Cyrille Dubois, quelque peu perdus dans le haut lointain, n’en délivrent pas moins l’une comme l’autre leurs Strophes et Scherzetto du Prologue, transmis d’un chant au phrasé souverain et à l’élan finement expressif. Deux chanteurs particulièrement en phase avec les exigences vocales de Berlioz pour les tessitures intermédiaires (de mezzo clair et de ténor aérien léger). La basse Christopher Maltman incarne pour sa part le Père Laurence du Finale d’une diction franche et d’un effet soutenu (bien que d’un timbre peu profond et marqué de quelques vibratos). Le chœur, réunissant le Chœur de l’Opéra du Rhin et le Chœur Gulbenkian, s’épanche avec justesse et bon appoint, aussi bien réparti en petite formation (le Prologue et le « Convoi funèbre » en coulisses) qu’en grand format (pour un Finale percutant).
 
Mais c’est surtout de l’orchestre que vient un souffle qui ne faillit jamais. Instrumentistes particulièrement investis, emportés ou d’une délicatesse pointilliste sans aucune faiblesse, contribuent à une flamme de chaque instant, portée par la battue ciselée de John Nelson. Moment de grande intensité auquel le public octroie de mérités bravos trépidants au moment des saluts. Plus que jamais, Nelson demeure l’intercesseur élu pour Berlioz !
 
Pierre-René Serna

Berlioz : Roméo et Juliette – Paris, Philharmonie de Paris, Grande Salle, 10 juin 2022
 

(1) www.concertclassic.com/article/les-troyens-par-lorchestre-philharmonique-de-strasbourg-sous-la-direction-de-john-nelson-une

     www.concertclassic.com/article/la-damnation-de-faust-lorchestre-philharmonique-de-strasbourg-un-damne-magnifique-compte
 
(2) Capté par la chaîne Medici.tv le 7 juin à Strasbourg, Roméo et Juliette y demeure disponible pendant trois mois. Des rediffusions sont programmées sur Mezzo le 14 juin (à 22h25) et le 20 juin (à 18h40)
 
 
Photo © Nicolas Roses

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