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Riccardo Chailly et Martha Argerich à l’Orchestre de Paris – La surprise Rachmaninov – Compte-rendu

La foule se presse Salle Pleyel. Martha Argerich, soliste invitée, y est sans doute pour beaucoup, mais l’enthousiasme viendra plutôt d’une formidable Première Symphonie de Rachmaninov, chauffée à blanc par Riccardo Chailly.

Dès l’ouverture Ruy Blas de Mendelssohn, le chef italien, par son tempérament ardent et sa fougue irrésistible entraîne l’orchestre avec la flamme qu’on lui connaît. La fièvre n’est pas à proprement parler ce qui étonne le plus dans l’exécution du Concerto de Schumann par Argerich. Une lecture totalement assumée sur le plan technique, sans toutefois la liberté et l’imagination des grands soirs. Admirablement accompagnée par des instrumentistes qui la suivent fidèlement sans jamais s’imposer, la pianiste démontre une nouvelle fois son aisance à se mouvoir dans l’écriture complexe du compositeur allemand. Le bis (un extrait des Scènes d’enfants) calme le jeu après le bouillonnement du finale, installant un moment de magie poétique.
 
La Symphonie n°1 op. 13 de Rachmaninov n’encombre pas les programmes. Mal aimée dès sa création à Saint-Pétersbourg en 1897 (on se souvient de la critique assassine de César Cui et de ses répercussions sur le jeune compositeur), elle demande une science de l’orchestre et un art de la construction que Chailly possède au plus haut point. Sous sa baguette, les musiciens parisiens se surpassent, tendus de bout en bout par un engagement constant. La transparence de la conception (Allegro ma non troppo), les envolées grandioses (Allegro con fuoco) ne souffrent aucun temps mort. Du coup, l’œuvre se clarifie et trouve sans pathos et ni longueurs (Larghetto) sa véritable unité. Dommage qu’une partie du public n’ait pas daigné attendre la seconde partie, car le sublime était au rendez-vous.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Salle Pleyel, 3 décembre 2014

Photo © DR

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