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Récital de mélodies espagnoles par Géraldine Casey et Philippe Barbey-Lallia à l’Institut national des jeunes Aveugles – De l’ardeur pour des raretés – Compte-rendu

L’Institut National des Jeunes Aveugles (INJA), sis à Paris dans un magnifique bâtiment historique, possède une programmation régulière de concerts. La belle salle André Marchal, originellement conçue comme chapelle et pourvue d’un orgue inauguré par César Franck, s’en fait le réceptacle, privilégiant certes des musiques de compositeurs aveugles (Gaston Litaize, Jean Langlais, Louis Vierne ou Marchal…) mais dans un répertoire éclectique.
 
En témoigne ce récital de mélodies espagnoles par la jeune soprano Géraldine Casey, accompagnée au piano par Philippe Barbey-Lallia (1). Se succèdent ainsi des pages de Joaquín Nin, Fernando Obradors, Federico Mompou, Joaquín Rodrigo, Enrique Granados et Manuel de Falla, souvent peu connues (comme les Canciones de juventud de Falla ou le rêveur et poétique Damunt de tu de Mompou) entre quelques touches plus fameuses (El Vito de Obradors). La voix se fait changeante, comme l’esprit qui gouverne ces différentes inspirations, passant de la délicatesse du legato (Mompou) à une projection dramatique où ne manquent pas les ornements échevelés de coloratoure (Elegia eterna de Granados). Une chanteuse qui confirme son déjà beau début de carrière ! Le piano Bösendorfer dialogue sous un toucher perlé approprié, bien qu’un peu trop résonnant dans l’acoustique intime de la petite salle. En bis, réclamé par une assistance nombreuse, Adela, émouvante mélodie de Rodrigo, conclut cet éventail mélodique ibérique par l’hommage dû à un compositeur aveugle célèbre entre tous.
 
Pierre-René Serna

 (1) Ce concert est aussi l’occasion du lancement du disque ¡España!, reprenant ce même programme mais en plus étoffé par les mêmes interprètes (chez Klarthe Records).

Paris, salle André Marchal de l’INJA, 2 avril 2019.

Photo © Philippe Dupouy

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