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Ravel, Debussy et Berlioz par l’Académie de l’Opéra de Paris - Florilège mélodique - Compte-rendu
Pour ce concert de fin d’année à l’Amphithéâtre de la Bastille, l’Académie de l’Opéra de Paris offre un bouquet de mélodies parmi les plus célèbres de nos trois grands compositeurs français, bien propres à mettre en valeur les talents vocaux des dernières recrues de l’institution. C’est ainsi que Les Nuits d’été de Berlioz et Don Quichotte à Dulcinée, l’œuvre ultime de Ravel, tiennent compagnie aux Ariettes oubliées, Trois Ballades de François Villon et Trois Chansons de Bilitis de Debussy. Avec pour ces cinq cycles orchestrés, cinq chanteurs et l’accompagnement de l’Orchestre-Atelier Ostinato.
Ou une manière de confronter les talents. La mezzo Jeanne Ireland et le baryton Timothée Varon accomplissent un sans-faute, voix prenante alla Mélisande pour Bilitis et timbre clair dans la projection pour Villon. La soprano Sarah Shine débite ses Ariettes de façon plus monocorde, souvent couverte par l’orchestre, mais avec fermeté, alors que le baryton Alexander York rencontre pour Don Quichotte quelques difficultés de justesse en dépit de sa vaillance.
Quant à la soprano Angélique Boudeville (photo), elle éclate littéralement : voix pleine d’une belle vigueur dans tous les registres, qui pourrait rivaliser avec celles de toutes ces grandes divas qui se sont attaquées aux Nuits d’été. Sous la direction vigilante de Jean-Luc Tingaud, l’Orchestre-Atelier Ostinato, lui aussi constitué de tous jeunes interprètes, s’épanche avec subtilité dans Berlioz tout en faisant miroiter les coloris adaptés à Ravel et Debussy. Une façon aussi de mettre en exergue la magnifique orchestration par Debussy de ses Trois Ballades de Villon, face aux instrumentations plus laborieuses, plaquées après coup à partir de l’accompagnement originel pour piano, par Caplet, Ansermet et Delage pour les deux autres triptyques debussystes.
Bref : une jolie soirée en honneur à la mélodie française. On déplorera seulement que Les Nuits d’été n’aient pas été restituées dans les différentes tessitures vocales voulues par Berlioz, plus conformes également aux poésies de Gautier (en lieu de « Ma belle amie » et « ma bien-aimée » dispensés par une soprano !). D’autant que l’Académie de l’Opéra dispose a priori de l’éventail des chanteurs nécessaires. Une sorte d’occasion manquée !
Pierre-René Serna
Paris, Amphithéâtre de l’Opéra Bastille – 19 décembre 2018.
Photo © Studio j’adore ce que vous faites !
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