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« Portraits romantiques » par Case Scaglione et l’Orchestre national d’Île-de-France – Rentrée d'un bon pied et beaux projets lyriques – Compte-rendu

 L’Orchestre national d’Île-de-France et son patron, Case Scaglione (photo), ont fait le choix de grands classiques symphoniques pour leur programme de rentrée, à l’occasion duquel, après une escale à Suresnes, ils retrouvent la grande salle de la Philharmonie et un public aussi nombreux que fidèle. Le Prélude de l’Acte I de Lohengrin ouvre la soirée sans qu’aucune sensation de « mise en jambes » ne se fasse sentir. La pureté des harmoniques, l’homogénéité de la sonorité montrent des interprètes d’emblée au cœur de leur sujet, quel que soit le pupitre ; Scaglione déploie la grande arche de la pièce avec une large respiration et une évidence admirables. Ses affinités avec l’univers wagnérien s’illustrent une fois de plus ici et rendent d’autant plus impatient de le retrouver prochainement à l’Opéra de Massy (12 et 14 novembre) dans le Vaisseau Fantôme, mis en scène par Charles Roubaud et servi par une très alléchante distribution (Nicolas Cavallier, Catherine Hunold, etc.).(1)
 
La force poétique du Prélude de Lohengrin n’est rendue que plus prégnante par l’absence de narcissisme sonore du chef. Il sait faire parler la musique, aviver les timbres sans jamais se mirer dans le résultat obtenu. La remarque vaut tout autant pour Ainsi parlait Zarathoustra, présenté en seconde partie et mené avec un relief et un art des transitions remarquables. Pas un instant l’attention de l’auditeur ne se relâche tant le maestro s’attache à faire vivre le texte musical de l’intérieur. Autre bonne nouvelle lyrique : Richard Strauss occupera Scaglione à la fin du printemps prochain (26 mai – 1er juin) à l’Opéra de Paris avec Elektra dans la mise en scène par Robert Carsen. (2)
 
Rentrée d’un bon pied donc pour l’Ondif dans ce programme « Portraits romantiques », qui comprend en outre le Concerto pour violoncelle de Dvorak avec Istvan Várdai en soliste. L’approche très chambriste que partagent l’instrumentiste hongrois et le chef peut dérouter en ce quelle gomme une part de l’héroïsme des deux allegros. Reste que l’option est défendue avec une belle complicité –  à rebours de toute idée d’affrontement soliste/orchestre – et des coloris finement distillés, dans l’Adagio ma non troppo en particulier
 
Le prochain programme symphonique de l’Ondif (19-22 nov) (3), sera confié à Eugène Tzigane et réunira Maslenitsa de Guillaume Connesson, la Symphonie n° 5 de Tchaïkovski et le Concerto n° 3 de Prokofiev sous les doigts d’un pur magicien du clavier : Florian Noack.
 
Alain Cochard

 
(1)   www.opera-massy.com/fr/le-vaisseau-fantome.html?cmp_id=77&news_id=822&vID=80
(2)   www.operadeparis.fr/saison-21-22/opera/elektra
(3)  www.orchestre-ile.com/page/saison/32_saison-2122/concert/757_lame-russe
 
Paris, Philharmonie de Paris, 12 octobre 2021
 
Photo © Sonja Werner

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