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​Pelléas et Mélisande à l’Auditorium de Radio France sous la direction de Susanna Mälkki – Luxe musical – Compte-rendu

 
C’est dans une version de concert que l’Orchestre national de France propose Pelléas et Mélisande. Ce qui offre à se concentrer sur la musique sans interférence scénique. L’opéra de Debussy le mérite assurément, d’autant – comme c’est le cas – quand l’interprétation met au mieux en valeur les vertus musicales. Car le plateau vocal réuni n’appelle que des éloges, de même que l’orchestre et la direction musicale fouillée de Susanna Mälkki (photo). Seule petite réserve : un déséquilibre sonore, dans l’Auditorium de la Maison de la Radio, qui dessert les voix couvertes par l’orchestre dans les premiers moments. Mais peu à peu l’équilibre est atteint pour transmettre à son meilleur voix et orchestre combinés.
 

Ben Bliss (Pelléas) © Chad Wagner

La battue de Susanna Mälkki se fait ardente et passionnée quand il faut, mais aussi subtile dans le partage des timbres si caractéristiques de la partition debussyste, devant un National démultiplié et comme rarement à son affaire. Portée par ces élans, la distribution vocale s’y coule sans faillir. Ben Bliss, remplaçant Stanislas de Barbeyrac initialement prévu, incarne un Pelléas de beau phrasé, nuancé ou emporté. Allen Boxer campe un Golaud tragique (essuyant même quelques larmes) tout en étant de parfait équilibre. Antoinette Dennefeld est à l’égal de sa belle réputation, pour une Mélisande d’un lyrisme généreux – quand Debussy retrouve son chant, qui nous change et nous venge de bien des Mélisande susurrées !
 

Antoinette Dennefeld (Mélisande) © Antoinette Dennefeld 2022
 
Les autres rôles sont tout aussi bien pourvus, par Alastair Miles (Arkel), Nadine Weissmann (Geneviève), Patrick Bolleire (le Médecin et le Berger) et Joachim Semezies, pleine voix enfantine (issue de la Maîtrise de Radio France) pour Yniold. Et tous avec une élocution française parfaite et bien projetée (jusques et y compris chez l’Américain Bliss, l’Anglais Miles ou les Allemands Weissmann et Boxer), ici indispensable, en sus d’une caractérisation des personnages quasi théâtrale.
Restitution de choix (pour cette seconde soirée du concert ; il semble que la première était moins aboutie), d’un luxe musical propre à enthousiasmer le public (pourtant clairsemé) comme en témoignent ses nombreux rappels.
 
Pierre-René Serna

 Debussy : Pelléas et Mélisande (version de concert) - Auditorium de la Maison de la Radio, Paris, 5 mars 2023.
(Concert diffusé le 18 mars à 20 h sur France Musique et francemusique.fr.)
 
Photo © Jiyang Chen

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