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Opéra Bastille - La Juive redécouverte

De retour sur la scène de l’Opéra de Paris du 16 février au 20 mars, La Juive de Jacques Fromental Halévy fait appel à Annick Massis pour le rôle d’Eudoxie. La soprano a confié ses impressions à concertclassic.

Depuis le 9 avril 1934, Paris n’a plus entendu La Juive sur la scène de l’Opéra. Mais l’ouvrage, à cette date, était parvenu à sa 562ème représentation… C’est dire le succès qu’il avait connu depuis sa création parisienne, le 23 février 1835, avec dans les rôles principaux Mme Dorus-Gras, Melle Falcon, Mrs Nourrit, Levasseur, Lafond, Dabadie, Prévost, Dérivis, Massol, A. Dupont, F. Prévost, Pouillet et LLens. Composée sur un livret de Scribe, la partition du compositeur français suscita des réactions contrastées. Wagner et Berlioz – tout comme plus tard Mahler - furent plutôt séduits, tandis que Bellini parla d’une « vera porcheria » (vraie cochonnerie).

A chacun ses goûts… Il n’en demeure pas moins vrai que La Juive occupe une place importante dans l’histoire de l’opéra romantique. Les livres consacrés au sujet ne manque pas d’en faire mention, mais très peu d’auditeurs connaissent la musique d’Halévy – deux ou trois airs isolés mis à part -, bien moins encore ont eu l’occasion de découvrir La Juive sur une scène.

A n’en pas douter la production que Pierre Audi met en scène à la Bastille dans des décors de George Tsypin ne manquera pas d’exciter la curiosité des passionnés d’art lyrique. Aux côtés de la Rachel d’Anna Caterina Antonacci et de l’Eléazar de Neil Shicoff (ou de celui de Chris Merrit, les 3 et 20 mars), Annick Massis incarne la princesse Eudoxie et ne cèle pas sa fierté d’avoir été invitée par Gérard Mortier pour interpréter le rôle.

La soprano n’en est pas à sa première Juive. « En 2005 déjà, se souvient-elle, j’ai participé à une production d’origine viennoise donnée à la Fenice de Venise. La production mise en scène par Pierre Audi me fait voir l’œuvre autrement. La Juive de la Fenice était davantage orientée sur la dimension religieuse, l’opposition judaïsme/christianisme. Très attentif au livret, Pierre Audi raconte une histoire et essaie de mettre en valeur chaque personnage dans ses souffrances humaines, psychologiques, religieuses. Dans le cas d’Eudoxie, il met bien en évidence la lutte entre le monde intérieur du personnage et sa condition de princesse. »

Comment perçoit-elle l’ouvrage d’Halévy ? « Il s’agit d’une musique assez particulière qui mêle les styles, un mélange de transparence de musique française du XIXe et de style italien. Le rôle d’Eudoxie fait appel à peu près à la même tessiture que celui de Rachel par endroits. C’est un rôle très lyrique, dramatique parfois même comme dans le dernier duo Rachel/Eudoxie, qui réclame un médium soutenu et très sonore car on a affaire à certains moments à une musique extrêmement orchestrée. Le maestro Daniel Oren, qui dirige cette production, sait donner toute son ampleur et son relief à la partition mais témoigne aussi d’une grande attention envers les voix. C’est capital dans ce genre d’ouvrage.»

Mais l’année ne fait que débuter et, juste après Eudoxie à la Bastille, Annick Massis chante sa première Donna Anna à Trieste. A la fin du mois d’avril elle interprète le Gloria de Poulenc avec l’Orchestre de Paris dirigé par Jean-Claude Casadesus. Le Festival des Arènes de Vérone l’attend cet été pour Le Barbier de Séville. Enfin, la musique italienne l’occupera aussi au Metropolitan Opera de New York en octobre avec la Lucia di Lammermoor de Donizetti.

Alain Cochard La Juive de Halévy, Opéra Bastille, du 16 février au 20 mars.

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Photo : DR/Opéra de Paris
 

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