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Oh-la-la oui oui au Théâtre de l’Athénée - Follement ouï ! - Compte-rendu

La toute petite et ravissante salle Christian Bérard, en contre-haut du Théâtre de l’Athénée, présente Oh-la-la oui oui. Ce « swing lyrique, avec deux chanteurs et trio jazz » compose un spectacle musical affriolant, qui livre une vingtaine de savoureuses rengaines des années 30 dont les airs trottent dans toutes les têtes, depuis Couchés dans le foin à Si vous n’aimez pas ça. La plupart extraites d’opérettes à succès, signées Yvain, Mireille ou Misraki pour la musique, Willemetz ou Nohain pour les paroles. D’une égale inspiration enjouée, qui rivalise d’humour intelligent, sans une once de vulgarité, et de verve musicale entraînante. Un temps heureux, où la musique de « variétés » savait plaire sans déchoir.
 
L’idée de ce spectacle original revient à Emmanuelle Goizé et Gilles Bugeaud, soprano et baryton éprouvés, partenaires habituels de la troupe Les Brigands (qui présente au même moment Les Chevaliers de la table ronde dans la salle principale du théâtre), en complicité avec le metteur en scène Stéphan Druet. Car chacune de ces chansons constitue une histoire narrée, une scénette en elle-même, qui appelle le jeu théâtral. L’idée était aussi de faire se rencontrer dans ce répertoire des instrumentistes de jazz, le trio Les Kostards, restituant la couleur swing qui est bien celle de l’époque et de la tonalité de ces piécettes.
 
Dans la proximité d’un public de 90 personnes, Emmanuelle Goizé et Gilles Bugeaud font surenchère de bagout irrésistible, de mimique virevoltante qui n’hésite pas à la danse, de présence exemplaire de comédiens diseurs et de chant articulé des mieux lancé. Le trio de cordes jazz formé par le guitariste Gilles Parodi, le contrebassiste Laurent Delaveau et le violoniste virtuose Laurent Zeller (un grand talent !), apporte l’appoint de rythmes enlevés, dans un style manouche (et l’esprit de Django Reinhardt et Stéphane Grappelli), qui se prêtent à ces musiques qui font se trémousser. L’ensemble dans une transmission directe, sans aucun microphone ni haut-parleur, vertu rare par les temps qui courent. Pour un spectacle qui est pareillement enlevé, hardiment conçu par Stéphan Druet autour d’une chaise et d’un escabeau, des piquantes chorégraphies de Sebastián Galeota et des lumières bien choisies d’Anne Coudret. Des riens, pour un tout frémissant. L’aventure se poursuit : précipitez-vous !
 
Pierre-René Serna

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Oh-la-la oui oui – Paris, Théâtre de l’Athénée (salle Christian Bérard), 20 décembre 2016 ; Prochaines représentations les 28, 30 décembre 2016, 3, 4 & 7 janvier 2017 / www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/oh-la-la_oui_oui.htm
 
Photo © François Goizé

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