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Musiques à la Chabotterie - Molière et Charpentier en pays chouan - Compte-rendu
C'est devenu une tradition que ce festival vendéen au cœur de l'été, avec pour acteur principal l'alerte Simphonie du Marais, confiée à la direction à la fois savante et bonhomme d'Hugo Reyne, le bon génie du lieu.
Parmi les thèmes déclinés en 2011, on retiendra le beau programme du Concerto Köln qui célébrait Haendel et l'Italie ; et tout autant, l'hommage à la chanson parisienne du XVIème siècle, réveillée par Dominique Visse et l'ensemble Clément Janequin (les Cris de Paris). Sans négliger le bonheur lyrique de la Naïs de Jean-Philippe Rameau, revisitée en version de concert par la Simphonie du Marais et, entre autres, les voix de Mireille Delunsch et Jean-Paul Fouchécourt, côté chant.
Pareillement, on attendait beaucoup du concert de clôture concocté par Hugo Reyne et les siens, autour des musiques pour les comédies de Molière laissées par Marc-Antoine Charpentier. On sait qu'à la mort de Lully, en 1687, ce rival valeureux, interdit de scène du vivant du jaloux Florentin, rentra en grâce auprès du Roi. D'où le présent spectacle, inspiré souvent de la farce napolitaine. Au fil d'une guirlande d'intermèdes ludiques où l'interprétation doit s'impliquer constamment dans la projection du geste, du dire et du rire.
Précisément, c'est à ce niveau, peut-être, que la production révélait ses limites, portée par un rythme toujours plaisant, mais trahissant parfois une certaine réticence à aller au-delà des mots.
En d'autres termes, le lien avec les sources italiennes dont Molière s'est inspiré dès les expériences de sa jeunesse, n'était pas suffisamment apparent, à mon sens, en terre vendéenne. Non pas à l'orchestre, conduit, bien entendu, avec brio par Hugo Reyne (lequel intervenait aussi comme flûte solo au sein de l'ensemble), mais par l'impression finale laissée par une reconstitution qui tenait plus ou moins du « collage ».
Reste le bonheur d'un soir d'été – ce qui n'est pas rien – avec les efforts bouffes méritoires du ténor Romain Champion, du baryton Vincent Bouchot et de la basse Florian Westphal. Pour autant, plane comme un modèle insurpassé dans ce répertoire la production du Malade imaginaire signée par Jean-Marie Villégier et les Arts florissants de William Christie au Châtelet en 1990. Plus qu'une réussite : un moment d'histoire.
Roger Tellart
Festival « Musiques à la Chabotterie » - Logis de la Chabotterie, 10 août 2011
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Photo : DR
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