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Maxim Vengerov en récital à Pleyel - Charmeur et prestidigitateur - Compte-rendu

 Le Festival Musicalta invite pour la deuxième fois dans une salle parisienne Maxim Vengerov, qui a repris sa carrière après une opération à l’épaule. Seul en scène, il attaque la redoutable Chaconne de la Partita en ré mineur de Bach, un passage obligé de tous les virtuoses de l’archet.
 
Si le violoniste néglige délibérément les recherches stylistiques les plus historiquement informées, il livre une interprétation intemporelle qui porte la marque d’un artiste en pleine possession de ses moyens avec une superbe conduite de la phrase, une finition technique maîtrisée (les doubles cordes) et une plénitude d’exécution. En compagnie du pianiste Itamar Golan, partenaire actif et inventif, il offre ensuite une vision incandescente de la Sonate pour violon et piano n° 1 de Prokofiev au lyrisme suggestif (Andante initial), à la rudesse contrôlée (Allegro brusco) et à la pureté d’intonation infaillible (Allegrissimo final).
 
Après l’entracte, micro à la main, Vengerov fait un véritable show en présentant, dans notre langue, chacune des pièces de son programme. Revendiquant sa filiation musicale avec le grand aîné Mischa Elman (1891-1967), il ouvre le feu par une vision fiévreuse du Scherzo de la Sonate F-A-E. Le reste se présente comme un florilège de pages célèbres plus acrobatiques les unes que les autres (Danse hongroise n° 2 de Brahms, Danse slave n° 2 de Dvorak/Kreisler, Sonate n° 3 d’Ysaÿe pour violon seul, Légende de Wieniawski, Schön Rosmarin et Liebesfreud de Kreisler, 24e Caprice de Paganini, Caprice d’après l’Etude en forme de valse de Saint-Saëns/Ysaye…). Les bis participent de la même veine et s’achèvent par l’incontournable Danse des lutins de Bazzini où ce prince de l’archet se joue des difficultés avec la complicité d’un Itamar Golan sûr de ses effets. On salue l’artiste, mais une telle démonstration laisse quelque peu perplexe car elle donne une impression de superficialité comme si le violoniste renouait avec ses démons. Un concert de Maxim Vengerov ne laisse pourtant jamais indifférent par sa générosité et son charme. Le public, debout, en redemande et ne se lasse pas de ce numéro de haute voltige.
 
Michel Le Naour
 
Paris, Salle Pleyel, 15 mars 2014
 
Site du Festival Musicalta : www.musicalta.com

Photo @ DR

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