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L’Orfeo selon Sasha Waltz au Teatro Real de Madrid – Comme un rêve éveillé – Compte-rendu

 

Leonardo García Alarcón est un grand habitué de L’Orfeo de Monteverdi, qu’il a dirigé à maintes reprises et enregistré (1). Il y revient cette fois au Teatro Real dans la production de Sasha Waltz qui, pour sa part, a déjà effectué une large tournée en Europe (dont l’Opéra de Lille). Un spectacle donc rodé en tous points, comme le confirme de façon éloquente sa reprise madrilène.
 

© Javier del Real

La mise en scène oscille entre animation théâtrale et ballet, puisque de Sasha Waltz est aussi chorégraphe. Le plateau se répartit autour d’un cadre central immaculé, recevant chanteurs et danseurs (une troupe d’une dizaine menée par Jirí Bartovanec), ainsi que les instrumentistes de part et d’autre de la scène. L’ensemble se combine d’un va-et-vient où se mêlent les intervenants passant d’un lieu à l’autre, y compris pour finir les instrumentistes et même le chef ! Mais ce qui frappe avant tout c’est la beauté plastique, entre mouvements d’envol chorégraphiés, oscillations des passages de personnages dans leurs incarnations et variations de traits de lumières. Les costumes, revus spécialement pour le Teatro Real, se déroulent en blanc vaporeux pour les premières scènes d’amours heureuses, puis tout de noir pour la scène des enfers, et enfin avec un retour en blanc pour le final des retrouvailles. Les mouvements se conforment, virevoltants, puis langoureux, et apaisés pour finir. Et chaque moment bénéficie d’une mise en place réglée au plus près. Un spectacle conçu comme un rêve éveillé.
 

Georg Nigl (Orfeo) © Javier del Real
 
Musicalement, l’impression est du même ordre, avec des chanteurs solistes, chœur et orchestre éminemment bien choisis. Georg Nigl offre un Orphée accompli, d’une projection radieuse. Julie Roset figure de son côté le double emploi de la Musique et Eurydice d’un chant tout aussi bien senti. Charlotte Hellekant intervient avec précision pour la Messagère et l’Espérance. Les petits rôles remplissent leurs différentes participations avec justesse, alors que les choristes du Vocalconsort Berlin se meuvent avec délié, vocalement comme scéniquement. Les instrumentistes du Freiburger Barockorchester distillent une sonorité diaphane ou vibrante (dans ses fanfares) sous la conduite infaillible du maître ès qualités García Alarcón. L’aboutissement et l'accomplissement d’une longue genèse.

 
Pierre-René Serna

Monteverdi : L’Orfeo – Madrid, Teatro Real de Madrid, 20 novembre 2022.
 
(1)
www.concertclassic.com/article/leonardo-garcia-alarcon-dirige-lorfeo-de-monteverdi-au-festival-dambronay-luniversel-de-la


www.concertclassic.com/article/lorfeo-de-monteverdi-par-leonardo-garcia-alarcon2-cd-alpha-le-disque-de-la-semaine-nouvelle
 
Photo © Javier del Real

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