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L’Orchestre Symphonique de Pittsburgh à Pleyel - Brillant, trop brillant ! - Compte-rendu

Formation dotée d’une solide tradition plus que centenaire, l’Orchestre Symphonique de Pittsburgh appartient toujours aux plus grandes phalanges américaines après Boston, Cleveland, Philadelphie, Los Angeles, New York… Le chef autrichien Manfred Honeck en assure la direction musicale depuis 2007, riche d’une expérience de violoniste et d’altiste acquise au sein de la Philharmonie de Vienne. Sa venue Salle Pleyel était donc très attendue, comme la participation de Yuja Wang, étoile montant du piano, dans le 1er Concerto de Tchaïkovski.

La prestation techniquement époustouflante de la soliste (qu’aucun saut d’octaves ne saurait impressionner) laisse finalement l’impression très mitigée d’une machine tournant à vide. La poésie n’est pas toujours absente et le son bien projeté, mais cela ne suffit pas à donner le sentiment de cohérence et d’unité stylistique, comme si Yuja Wang était victime de sa propre facilité à vaincre les obstacles. En bis, la transcription de la mélodie d’Orphée et Eurydice de Gluck par Sgambati, est d’une réalisation aboutie mais ne saurait faire oublier la magie du piano en apnée de Nelson Freire dans ce morceau cher ô combien à l’artiste brésilien.

Avec Une vie de héros de Richard Strauss, répertoire qui lui est consubstantiel, Manfred Honeck révèle une capacité discursive tout à fait éclairante. Chaque épisode est agencé avec un art subtil des transitions. La riche texture orchestrale est dosée avec une recherche de couleurs à laquelle participe le violon solo de Noah Bendix-Balgley (ancien vainqueur du Concours Marguerite Long). L’assurance de l’orchestre et sa brillance ne mettent pourtant pas en relief le charme viennois que l’on attendrait de cette partition, malgré une scène de bataille éclatant de tous ses feux. En revanche l’extrait des valses du Chevalier à la rose donné en bis tient plus d’une fête de la bière que du raffinement de la pâte sonore straussienne.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 2 septembre 2013

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