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Les Métaboles en concert au Musée de l’Immigration – Universalité du chant choral – Compte-rendu

Dans le cadre de l’exposition « L’Envers du Décor » (du 1er au 3 février) présentée au Musée de l’Immigration, au Palais de la Porte Dorée à Paris, Les Métaboles ont apporté la dimension vocale avec un concert participatif et mis en espace – donné à plusieurs reprises au cours du week-end – composé de pages de Dusapin, Barber, Cage, Moultaka, Schafer, Whitacre, Ravel ou Verdi. 
Le chant choral était au cœur des apports de l’immigration à la culture française pour la seconde édition de « L’Envers du Décor ». Mots et mets étrangers, sculptures et tissus, photographies et animaux, vêtements et instruments de musique ont préparé le public à la polyphonie polyglotte et scénique dont l’ensemble Les Métaboles a émaillé l’exposition, avec le soutien du metteur en scène Antoine Gindt et de la scénographe Elise Capdenat : « Les choristes ont effectué un travail de tous les instants pendant les trois jours en mêlant chants et déplacements scéniques et en chantant souvent sans répétition, témoignait Léo Warynski, fondateur et chef des Métaboles. Mais ils adorent se mettre ainsi en danger et ils ont été excellents ».
 

© MGRinand

De fait, les prestations du chœur ont été suivies par un public fasciné par la proximité des chanteurs. Vêtues de costumes vaporeux et chatoyants et environnées d’enfants, les sopranes Mathilde Legrand et Lorraine Tisserant ont illustré le dualisme slave de Birds of Joy and Sorrow avec le duo Il-li-ko de Pascal Dusapin. Embarrassés d’une masse de sacs-souvenirs, Simon Gamerre et Benoît Porcheron ont revisité la longue marche des immigrants en escaladant l’escalier du musée sur le « Va, pensiero » de Nabucco. Dans l’aquarium exotique, Paul-Alexandre Dubois a imité le vagissement déchirant des crocodiles, tandis que le quatuor formé par Anne-Claire Baconnais, Aurélie Bouglé, Samuel Zattoni-Rouffy et Pierre de Rufy interprétait Magic Songs de Murray Schafer.

Le week-end s’est clôt sur un concert au cours duquel Le Jardin féerique de Ravel, les trois Reincarnations de Barber, le Lama Sabaktani de Moultaka ou encore Sleep de Whitacre ont plongé le public dans un exotisme de rêve – que Miniwanka ou le Cycle de l’Eau de M. Schafer ont malmené en emportant les visiteurs dans un ensemble impromptu de battements corporels et de souffles sifflants ou forts pour évoquer l’ombrageuse nature des terres d’outremer. Dirigeant souvent face au public, Léo Warynski a démontré une fois de plus sa capacité à rendre accessibles les pièces les plus complexes et à conduire les choristes improvisés du public dans un chœur plein d’allant.

Michel Grinand

Paris, Musée de l’Immigration, 3 février 2019
 
Photo © DR

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