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Le Carnaval baroque sous la direction de Vincent Dumestre à l’Opéra royal de Versailles - Fête endiablée - Compte-rendu

Spectacle créé en 2006, Le Carnaval baroque n’a depuis lors cessé d’être représenté, pour atteindre plus de soixante représentations dans une dizaine de pays. Une sorte d’exploit à mettre au compte de la conception originale de Vincent Dumestre avec son ensemble Le Poème harmonique, aidés en la circonstance par l’ingénieuse mise en scène de Cécile Roussat. Le spectacle, repris à l’Opéra royal de Versailles, entend renouer avec l’esprit du Carnaval à Rome et à Venise aux débuts de l’âge baroque, en mêlant « arts du cirque, musique et danse au XVIIe siècle » (dixit).

 © Aleksey Gushchin
Pour ce faire, sont convoqués sept instrumentistes (issus du Poème harmonique), quatre chanteurs et sept mimes/acrobates. Tout ce beau monde s’agite, entre pantomimes, jongleries, tours de magie, pitreries et autres acrobaties, pour un spectacle de tréteaux munis de parcimonieux éléments de décor (tonneaux, rideaux, encadrements de fenêtres). Les costumes, conçus par Chantal Rousseau, empruntent également à la
Commedia dell’arte, assortis de masques et de maquillages (dessinés par Mathilde Benmoussa) ad hoc, pour une plongée dans un univers de liesse et de frasques d’un autre temps. La musique, pour sa part, a recours à des pages de Maletti et Il Fasolo (1598-1680 ; mystérieux compositeur au début du XVIIe siècle, originaire de Bergame), et y compris même Monteverdi, pour des arrangements dans une veine à la fois savante et populaire : en forme d’ostinato instrumental pour accompagner les mimiques virevoltantes, plus élaborés pour le soutien au chant des irréprochables Bruno Le Levreur (alto), Serge Goubioud, Hugues Primard (ténors) et Emmanuel Vistork (basse).
 
Menés par Julien Lubek, les acrobates rivalisent d’adresse. Alors que la restitution musicale s’épanche librement sous la direction de Vincent Dumestre, pour une fête endiablée des yeux et de l’ouïe. Tout juste regrettera-t-on l’absence de surtitre et de tout livret, qui n’aide guère la bonne compréhension des tirades chantées en italiens ni des ressorts d’épisodes censés passer d’un palais à un lieu de foire et une rue exaltée.
 
Pierre-René Serna

  Versailles, Opéra royal, 15 décembre 2018.
 
Photo © Aleksey Gushchin

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