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La Tragédie de Salomé par Les Apaches à l’Athénée – Ballet de timbres

 
La voilà enfin cette Tragédie de Salomé ! Grâce à Julien Masmondet et ses Apaches, la version originale de la partition de Florent Schmitt a repris vie sur la scène du théâtre de Rungis il a quelques jours et, après Rochefort et Avignon, le public parisien pourra la découvrir les 9, 10 et 11 décembre au théâtre de l’Athénée. On a précédemment eu l’occasion d’évoquer les circonstances dans lesquelles le jeune compositeur qui avait fait trembler Paris avec son tellurique Psaume XLVII l’année précédente fut conduit – sollicité par Robert d’Humières, directeur du théâtre des Arts – à écrire en 1907 un mimodrame dansé destiné à la célèbre Loïe Fuller. (1)

Aucune nostalgie Belle époque dans le spectacle que les Apaches ont conçu en collaboration avec le vidéaste Cyril Teste, la chorégraphe et danseuse Léonore Zurflüh (photo) et le compositeur Fabien Touchard. C’est avec la musique de ce dernier que la soirée commence : un Prologue pour bande électroacoustique accompagne l’installation des spectateurs dans la salle, avant l’entrée des musiciens et de leur chef. Elle aussi imaginée pour ce projet Schmitt, Loïe, pièce d’une dizaine de minutes, résonne ensuite et, avec cet art de la nuance propre au jeune compositeur français, prépare habilement (Touchard a fait quelques emprunts à la Tragédie) à ce qui va suivre : un prodigieux ballet de timbres qui montre quel maître de la couleur était Schmitt (dont l’influence sur un Stravinski ou un Villa-Lobos fut ouvertement reconnue par les susnommés).
 

© Patrick Laffont de Lojo

Julien Masmondet déroule un drame muet en sept tableaux de la plus suggestive manière, avec souplesse et précision, et sait obtenir le meilleur d’instrumentistes pleinement investis. L’adaptation pour grand orchestre (en 1910) de quelques pages de la version originale fait perdre de vue le fil dramatique de la partition originale. On le retrouve ici, en symbiose avec une création vidéo qui, plus qu’illustration, se veut hymne au mouvement, à la danse et prolongement de l’envoûtante symphonie instrumentale que Schmitt a su concevoir. Choix luxueux pour l’intervention de soprano que l’on entend au début du dernier tableau, Marie-Laure Garnier, par la richesse de son matériau vocal, ajoute beaucoup à la troublante sensualité de la musique. A l’Athénée et pour l’enregistrement à venir (impatiemment attendu !), c’est à Sandrine Buendia que reviendra une partie certes brève mais d’importance.
 Notez enfin que les Apaches seront en concert au musée d’Orsay le 16 décembre avec un programme en hommage à Loïe Fuller (2)
 

Alain Cochard
 
(1) www.concertclassic.com/article/la-tragedie-de-salome-de-florent-schmitt-par-les-apaches-rungis-rochefort-avignon-paris
 
(2) www.musee-orsay.fr/fr/programmation-culturelle/la-fee-lumiere-julien-masmondet-direction-ensemble-les-apaches
 
Rungis, Théâtre, 26 novembre ; prochaines représentations à Paris (Athénée Théâtre Louis-Jouvet) les 9, 10 et 11 décembre 2021 // www.athenee-theatre.com/saison/spectacle/la-tragedie-de-salome.htm
 
Photo © Patrick Laffont de Lojo

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