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La Missa solemnis par Gardiner à Pleyel - Entre passé et avenir - Compte rendu

Il l’a montré dans son approche de Berlioz et d’abord dans l’extraordinaire résurrection des Troyens au Châtelet, John Eliot Gardiner agit toujours autant en historien qu’en poète de la musique. Il n’a pas fait autrement avec la Missa solemnis, le chef-d’oeuvre le plus secret de Beethoven. Au milieu d’interprétations correctes, mais tièdes, le chef britannique est un chaud bouillant qui s’engage toujours à 100% et ne laisse jamais personne indifférent(1), de l’incroyable jaillissement du Gloria à la poésie diaphane du Sanctus.

Il décuple comme personne la puissance sonore de ses musiciens en nombre pourtant réduit, mais concentrés dans une surface minimum face au maestro et répartis en un subtil dosage de timbres, graves-aigus, cordes-vents. Les quatre jeunes solistes, vigoureux et merveilleusement musiciens (Lucy Crowe, soprano, Daniela Lehner, mezzo, James Gilchrist, ténor, et Matthew Rose, basse) sont physiquement incrustés dans le Chœur Monteverdi plus en forme que jamais. C’est à eux que reviennent les principales hardiesses du compositeur qui invente la musique de l’avenir.

L’Orchestre révolutionnaire et romantique n’est pas mal servi non plus : il rugit à souhait ! Dommage que Gardiner impose à son premier violon une stricte absence de vibrato dans le long et magnifique solo qui porte tout le Benedictus… Mais on lui pardonnera ce tic stylistique un peu décalé après l’Agnus Dei final où il sait faire triompher l’humanité profonde d’une œuvre dont le message s’inscrit ici au côté de la IXème Symphonie.

Jacques Doucelin

Une conception qui caractérisait déjà l’enregistrement que Gardiner réalisa de la Missa Solemnis en 1989 (1CD Archiv Produktion) Paris, Salle Pleyel, 8 octobre 2012

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Photo : DR
 

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