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Il Sant’Alessio de Landi à Caen – Festival de contre-ténors

Pour les amoureux de la voix de contre-ténor, l’envie d’entendre Sant’Alessio tient pour beaucoup à la présence de neuf chanteurs de cette catégorie dans le spectacle que proposent William Christie et Benjamin Lazar dans les jours prochains au Théâtre de Caen et qui partira en tournée à Londres et à New York avant s’installer sur la scène du Théâtre des Champs-Elysées fin novembre, puis à Nancy début janvier.

Mais par-delà cette originalité, Il Sant’Alessio – un ouvrage daté de 1632 – sera l’occasion de faire connaissance avec Stefano Landi (1586-1639), un musicien méconnu du début du XVIIe siècle italien que William Christie tient « pour l’une des figures majeures de l’école romaine de son temps ». « Il Sant’Alessio, explique le chef des Arts florissants, constitue l’un des rares exemples de drame sacré que nous offre l’histoire de l’opéra. » Inspiré de la fin de la vie de Saint-Alexis, il s’agit là, selon W. Christie, d’un ouvrage « typique de l’esprit de la Contre-Réforme dans sa façon d’héroïser les saints pour mieux renforcer le culte de l’Eglise romaine» et que l’interprète présente comme « un vrai prodige d’écriture. »

Pourquoi donc la présence de tant de contre-ténors et d’ailleurs uniquement de voix masculines ? « Avec Benjamin Lazar, nous avons décidé de confier la distribution à des chanteurs uniquement de sexe masculin, y compris pour les rôles de femmes, justifie W. Christie. Cela pourrait paraître surprenant, voire provocant. Mais, en vérité, nous remontons en cela aux origines mêmes de l’œuvre qui s’inspire des drames sacrés qui étaient tenus par de jeunes garçons, et reproduisons fidèlement les conditions mêmes de la création du Saint’Alessio au Palais Barberini à laquelle aucune femme n’avait pris part, ainsi que l’exigeait l’Eglise. »

Dès lors on comprend mieux les choix vocaux effectués pour cette production et la présence sur scène de Philippe Jaroussky (photo), Max Cencic, Xavier Sabata, Damien Guillon, Pascal Bertin, José Lemos, Jean-Paul Bonnervalle, Terry Wey et Ryland Angel pour les contre-ténors, ainsi que de deux basses : Alain Buet et Luigi de Donato.

Mais on guette aussi ce Sant’Alessio pour y découvrir le travail de Benjamin Lazar, qui a opté pour l’éclairage à la bougie – dont il apprécie « l’effet de liant » qu’elle introduit dans le spectacle -, comme dans Le Bourgeois Gentilhomme. Pour le metteur en scène, l’exploration de l’ouvrage de Landi part en premier lieu «d’un travail sur les techniques de jeu de l’acteur chanteur » afin « d’animer ce fameux recitar cantando sans lui plaquer nos techniques de jeu actuelles ». Pour ce faire B. Lazar entend se placer dans « une démarche à la fois historique et créatrice, en s’appuyant sur l’art d’« animer le discours » par la gestuelle, et sur ce que nous savons de cet art au début du XVIIe siècle italien. »

Autant dire que l’œil est aussi impatient que l’oreille de goûter au Sant’Alessio de Sefano Landi !

Alain Cochard

Stefano Landi : Il Sant’Alessio. Théâtre de Caen, les 16, 18 et 20 octobre 2007. Paris- Théâtre des Champs-Elysées, les 21, 23 et 24 novembre 2007. Nancy – Opéra National de Lorraine, les 24, 25, 27, 29 et 30 janvier 2008. Luxembourg – Grand Théâtre 14 et 16 février 2008.

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Photo : DR
 

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