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Guerre et Paix de Prokofiev selon Calixto Bieito au Grand Théâtre de Genève – Rentrez en paix – Compte-rendu
La dernière fois que nous vîmes cette œuvre étonnante, ce fut à Bastille dans la mise en scène cinématographique de Francesca Zambello, en 2000. Calixto Bieito, en tant qu’ancien de La Fura dels Baus, ne pouvait se contenter d’une vision aussi littérale. Dans le décor d’un salon rococo moscovite, rouge, or et blanc, la foule aristocratique attend sous blister de naître au chant et à l’histoire. Excitante idée qui semble devoir faire sens. Hélas le Catalan peine à caractériser ses personnages, de sorte qu’il vaut mieux avoir potassé son Tolstoï pour discerner qui fait quoi sur le plateau surchargé de corps et d’artefacts incongrus. Les belles intentions du début de l’acte 1 se diluent.
© Carole Parodi
On se demande pourquoi ces dames ôtent leurs bas pour se les mettre sur la tête, à quoi rime la livraison de boîtes à pizza ainsi que le slip maculé du pauvre Platon. Sans même parler de la valse façon chorée de Huntington… Et le chœur guerrier devait-il être entonné par la même foule, cette fois en Versace et lunettes Sonia Rykiel ?
Soyons honnêtes, rien de tout cela ne nous aurait dérangé si l’on avait pu saisir le sens narratif d’une production qui pourtant ne manque pas de belles images, ce que le public a apprécié. On en devient d’autant plus impatient de voir ce que Dimitri Tcherniakov, présent dans la salle genevoise, fera très prochainement de cet opus qui réclame davantage de pertinence que de clinquant.
Vincent Borel
Photo © Carole Parodi
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