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​El rey que rabió de Ruperto Chapí au Teatro de la Zarzuela de Madrid (Streaming) - Conte raffiné - Compte-rendu

 Dernier grand spectacle lyrique de la saison du Teatro de la Zarzuela, El rey que rabió se présente dans une nouvelle production. Cette zarzuela de Ruperto Chapí (1851-1909), prolifique compositeur lyrique mais aussi symphonique, avait été créée il y a exactement 130 ans, le 20 avril 1891 à Madrid en ce même Théâtre de la Zarzuela. L’œuvre fut accueillie avec succès, pour ensuite revenir régulièrement à l’affiche. Il est vrai que le sujet comme la musique ont tout pour séduire.
 

© Javier del Real 

Le livret en est déjà original, qui plante son action dans une époque indéterminée et un pays qui l’est autant (mais qui rappellerait l’Espagne) pour narrer les aventures et mésaventures d’un roi qui délaisse un temps son palais pour se mêler à son peuple déguisé en berger et finir par s’amouracher d’une bergère entre quelques contretemps et énervements. D’où le titre : « Le Roi qui rage » ou dit autrement « Le Roi en colère ». Une fable, donc, prétexte à péripéties et quiproquos piqués d’humour, sur une musique de même propos, légère et raffinée. L’inspiration musicale se conforme ainsi au caractère néo-classique de cette fantaisie, s’affirmant peu à peu au cours des trois actes, dont on relève un subtil nocturne orchestral, un quintette empanaché au 2acte et un vaporeux ensemble justement fameux dit « des médecins » au dernier acte, parmi airs, duos et chœurs délicats sur une orchestration qui l’est autant.
 

© Javier del Real 

La réalisation retransmise en streaming du Théâtre de la Zarzuela joue parfaitement de ce contexte de conte intemporel, dans une mise en scène de Bárbara Lluch qui allie mouvements et situations d’esprit onirique, à l’appui d’aguichantes ou fastueuses tenues emperruquées et chapeautées (signées Clara Peluffo Valentini), de décors en rapides changements (de Juan Guillermo Nova) qui frisent aussi la somptuosité. Une jolie et attachante conception, directe et au premier degré sans relecture incongrue.
 
Le plateau vocal s’y coule aisément, et en premier lieu pour le couple central avec des physiques opportuns de jeunes premiers de cinéma et un chant bien soutenu pour le ténor Enrique Ferrer (le Roi – toutefois dévolu à une soprano travestie dans la partition originale) et la soprano Rocío Ignacio (Rosa, la bergère énamourée). Chacun des onze autres rôles de cette distribution pléthorique se glisse dans son personnage avec bagout et élan vocal. Le chœur titulaire du théâtre agit de même, bien posé dans ses parties parfois échevelées. L’orchestre, celui de la Communauté de Madrid également titulaire du théâtre, répond sans accrocs à la direction du jeune chef mexicain Iván López Reynoso, quoique d’une sonorité un peu grêle (en raison de son effectif restreint, conséquence de la situation actuelle) qui ne rend pas toujours pleine justice des subtilités de l’instrumentation. À découvrir, dans une réalisation qui entend bien servir les délices de l’œuvre sans les trahir. 
 
Pierre-René Serna

Ruperto Chapí : El rey que rabió – Madrid, Teatro de la Zarzuela, 17 juin 2021 (streaming) ; Disponible sur www.youtube.com/watch?v=T6iswNxxL0U

À noter que la saison 2021-2022 du Teatro de la Zarzuela est annoncée : http://teatrodelazarzuela.mcu.es/images/PDFs/avance-21-22-digital.pdf
 
Photo © Javier del Real

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