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Don Giovanni à l’Opéra de Dijon - Entre tiédeur et belles surprises vocales - Compte-rendu

Après un Cosi fan tutte dirigé par Christophe Rousset et mis en scène par Martial Di Fonzo Bo la saison dernière, l’Opéra de Dijon poursuit sa Trilogie Da Ponte avec Don Giovanni (donné dans la version de Prague). Cette fois c’est Jean-Yves Ruf qui se charge de la régie, tandis que le Sud-africain Gérard Korsten conduit le Chamber Orchestra of Europe.

Bilan en demi-teinte au sortir de la première d’une production qui, sur scène comme dans la fosse, souffre de l’absence de véritables choix. Reconnaissons en tout cas le mérite de la lisibilité à une mise en scène qui, après un début plutôt réussi devant un rideau noir aux ondoiements mystérieux, installe l’action dans un décor unique ; « pente herbeuse, traversée de sentes ; lieu de croisement, propice au rencontres hasardeuses ». Pourquoi pas ? Mais il faut reconnaître que l’ouvrage de Mozart s’ennuie dans ce bout campagne et le I, même si l’on s’agite pas mal, s’enlise sous une vilaine lumière crue. Le spectacle est à la recherche d’un point d’équilibre auquel il ne parvient qu’au II, plus convaincant. On peut reprocher à Ruf une approche qui ne bouleverse ni n’enrichit notre vision de Don Giovanni ; on s’en accommoderait finalement si l’ouvrage était porté par une véritable direction. Las !, avec Gérard Korsten la routine guide le Chamber Orchestra of Europe – du surcroît trop enfoncé dans une fosse qui éteint ses timbres - ; la musique s’écoule, proprement, comme étrangère au théâtre mozartien.

Côté voix, on attendait avec impatience Edwin Crossley-Mercer dans le rôle-titre. La voix, la musicalité, le style de celui que l’on connaît bien dans le domaine du lied sont là mais la première du spectacle le montre tendu, ne parvenant pas à pleinement investir le personnage du dissoluto. Formidable Leporello en revanche, incarné par l’Autrichien Josef Wagner, d’une santé vocale et d’une présence étonnantes – donc problématique déséquilibre du couple maître-valet… Très belle surprise aussi avec le Masetto viril de Damien Pass, qui fait honneur à l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris où le chanteur australien a été formé. Honorables prestations de Don Ottavio de Michael Smallwood, que l’on sent dans une forme vocale moyenne, et de Timo Riihonen (le Commandeur).

Côté dames, la jeune distribution réunie par l’Opéra de Dijon permet de saluer la savoureuse Zerlina de Camille Poul. Sans convaincre autant, Diana Higbee s’acquitte du rôle de Donna Anna d’autant plus honorablement qu’un heureux événement s’annonce pour elle. Très traqueuse au I, Ruxandra Donose (Donna Elvira) est confrontées à des problèmes d’émission et d’intonation, heureusement surmontés au II.

Alain Cochard

Mozart : Don Giovanni – Dijon, Opéra, 22 mars, prochaines représentations les 26, 28 et 30 mars 2013. www.opera-dijon.fr

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Photo : Gilles Abegg
 

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