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Compte-rendu : Festival de La Côte Saint-André - Baudo, Roth : à chacun son Berlioz !

Le Festival de La Côte Saint-André est l’incontournable rendez-vous des berlioziens devant l’Eternel mais aussi celui d’un public nombreux venu pour l’essentiel de la Région et qui découvre le génie du natif du lieu, à travers une programmation originale.

Moment d’émotion avec la venue de Serge Baudo (il dirigea l’Orchestre National de Lyon de 1970 à 1988) qui fut un fidèle du festival dont il contribua à asseoir la réputation. Sous sa baguette, L’Enfance du Christ tient d’une cérémonie extatique ; la sérénité l’emporte sur l’éloquence en bannissant l’aspect grandiloquent au profit de la ferveur. Les chanteurs ne se situent pas sur les mêmes cimes et sont parfois gênés par la lenteur des tempi ; seul Sébastien Droy, en narrateur, réussit à tirer son épingle du jeu par la noblesse de son interprétation. L’enthousiasme du public est un hommage rendu à l’un des chefs français les plus reconnus dont la carrière à l’étranger (en particulier à Prague) a parfois occulté le talent chez nous.

Une semaine plus tard, après une Ouverture de Waverley enlevée, François-Xavier Roth à la tête de l’Orchestre Européen Hector Berlioz donne dans la démesure la plus colossale avec le Te Deum, œuvre de circonstance achevée en 1849 et créée en 1855 dans l’Eglise Saint-Eustache pour l’Exposition Universelle. Il ne craint pas de surligner le déploiement de toutes les forces en présence (à l’orchestre s’ajoutent trois chœurs d’adultes et d’enfants venus de Lyon, le ténor Pascal Bourgeois et une partie d’orgue tenue par Philippe Brandeis). Cet ouvrage cataclysmique en sept parties intègre même une Marche pour la présentation des drapeaux, décalée dans ce déchaînement symphonique dont François-Xavier Roth dégage avec humour l’aspect caricatural. La matière en fusion des orages désirés côtoie sans cesse les nuances les plus imperceptibles et l’on regrette que l’acoustique de la tente ne rende pas toujours justice à cette interprétation.

Le geste large du chef fait vibrer la masse sonore jusqu’au Judex Crederis final (d’ailleurs repris en bis face à l’insistance du public). Il est dommage que les équilibres n’aient pas toujours pu être respectés (décalage de l’orgue, chœur d’enfants se perdant dans la masse …). Les contraintes du lieu (et sans nul doute celles imposées par Berlioz) tiennent de l’impossible. Quoi qu’il en soit, à la Côte Saint-André, l’événement était de taille et à marquer d’une pierre blanche au pays de Berlioz.

Michel Le Naour

La Côte Saint-André : les 22 et 29 août 2010

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