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Compte-rendu - 20e Festival international de Dinard - Penderecki en création

Le programme du concert inaugural du 20e Festival International de Musique de Dinard n’est pas pour surprendre venant d’un pianiste et directeur artistique tel que Kun Woo Paik, mais le succès public que cette soirée vient de remporter est une jolie leçon donnée à ceux qui ne conçoivent un concert populaire et gratuit en plein air que composé d’ouvrages archi-rebattus. Symphonie n°8 de Dvorak et Concerto pour piano « Résurrection » de Krysztof Penderecki : la manifestation dinardaise a fait le pari de l’originalité et plus de deux mille personnes étaient présentes pour une soirée inaugurale qui, comme c’est désormais la coutume, se tenait dans le superbe parc de Port-Breton où un chapiteau avait été dressé pour accueillir l’Orchestre de Bretagne (augmenté d’une vingtaine de « supplémentaires »), placé sous la direction de Krysztof Penderecki.

Libre à ceux le souhaitent d’ergoter sur les conditions acoustiques du plein air - ils étaient pourtant prévenus -, nous dirons pour notre part le plaisir qu’il y avait à goûter dans ce contexte à la fraîcheur et la musicalité de la Symphonie en sol majeur de Dvorak sous la conduite de Penderecki, celles en particulier d’un Allegretto grazioso très charmeur. Une musique pleine d’innocence, qui contraste du tout au tout avec ce qui a inspiré le Concerto pour piano «  Résurrection ». C’est en effet sous le choc des événements du 11 septembre 2001 que le compositeur polonais rédigea un ouvrage dont la première version fut créée par Emmanuel Ax en 2002 à Philadelphie, puis reprise en 2003 à Paris par le même soliste. Créateur de l’ouvrage en 2005 à Madrid, Kun Woo Paik a, à cette occasion, noué un dialogue très productif avec le compositeur (cf. interview de Kun Woo Paik (1)) et a amené ce dernier à élaborer une seconde version de sa partition. Après Monte Carlo en janvier et Oviedo en avril, Dinard accueillait la création française de cette nouvelle mouture.

D’un seul tenant le Concerto « Résurrection » témoigne d’une étroite imbrication entre le piano et une riche partie orchestrale. Profond lyrisme et extrême vivacité rythmique caractérisent une écriture de caractère très visuel : les sections s’enchaînent ; les atmosphères changent très rapidement dans une oeuvre en rien «descriptive » mais qui semble avoir retenu de la journée du 11 septembre un peu son vertigineux déluge d’images télévisuelles. Formidable virtuose et poète inspiré, Kun Woo Paik fait totalement corps avec une composition qu’il a contribué à faire évoluer, tandis que Penderecki obtient un bel engagement des musiciens bretons devant un public captivé par la vibrante émotion d’une musique accessible mais jamais complaisante.

Le Festival de Dinard ne fait que commencer et, d’ici au 22 août, nombre de rendez-vous attendent le mélomane à l’Auditorium Stephan Bouttet puisqu’on y retrouve Kun Woo Paik en compagnie de Vera Tsu et Manfred Stilz en musique de chambre, aussi bien que François-Frédéric Guy, Gregorio Nardi, Hüseyin Sermet, Abdel Rahman el Bacha, Joaquin Achucarro ou Mihaïl Rudy (en duo avec le comédien Robin Renucci pour un dialogue Kafka-Janacek). A noter enfin le concert de jeunes virtuoses du 15 août, où figurent l’accordéoniste Mélanie Brégant – remarquée lors d’un récent concert Adami à Prades –, le bassoniste Médéric Debacq, le Duo Harpéole (Marion Ralincourt et Lucie Marical ; flûte et harpe) et le clarinettiste Raphaël Sévère.

Alain COCHARD

Festival International de Musique de Dinard, 8 août 2009

Jusqu’au 22 août 
Infos : 02 99 16 08 72
www.festival-music-dinard.com
www.festivals-musiques-classiques-bretagne.com

http://www.concertclassic.com/journal/articles/alaune_20090107_2406.asp

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Photo : DR
 

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