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Chicago au Casino de Paris – Les demoiselles de l’Illinois – Compte rendu

Elles ne sont pas sœurs jumelles nées sous le signe des gémeaux, mais Velma Kelly et Roxie Hart, d’abord ennemies, finissent par former un tandem aussi inséparable que Delphine et Solange Garnier : les héroïnes de la comédie musicale Chicago sont de retour à Paris, et elles chantent à nouveau en français. En cette année où l’on fête partout en France le centenaire de l’Art Déco, quel titre plus emblématique que cette évocation des Années Folles conçue en 1975 par le chorégraphe Bob Fosse, sur des musiques de John Kander ?
 
Pas un temps mort

Monté en France pour la première fois en 2004, Chicago est revenu en 2018 dans une autre production, au Théâtre Mogador et à présent reprise au Casino de Paris. Le spectacle, parfaitement rodé et en tous points réussi, est en fait la copie conforme de celui qui fut monté en 1996 à New York et que l’on peut également voir à Londres depuis plusieurs années : même décor ingénieux qui met l’orchestre au centre du plateau tout en laissant toute la place nécessaire à l’action, même costumes noirs qui, sans reprendre les coupes et les formes des années 1920, en recréent pour notre époque l’esprit transgressif, avec des tenues moulantes et assez dévêtues, chorégraphies impeccables et enchaînement sans le moindre temps mort. La traduction française est elle aussi fluide et évite les problèmes de prosodie parfois rencontrés dans ce genre d’opération.

 

Shy'm © Cyril Bruneau

Un trio de haut vol

La campagne d’affiche met en avant l’interprète de Velma Kelly : la chanteuse Shy’m s’y révèle danseuse aguerrie et, comme on pouvait s’y attendre, s’empare une belle aisance du personnage auquel elle prête sa haute et souple silhouette. Mais chacun sait que, dans Chicago, le rôle en or, c’est celui de Roxie Hart, mélange de naïveté et de friponnerie qui traverse des hauts et des bas et permet à une artiste de parcourir une belle palette d’émotions. Vanessa Cailhol n’en fait qu’une bouchée, avec une maestria impressionnante sur tous les plans, vocal, chorégraphique et théâtral.

Dominique Trottein à la baguette
 
Complétant le trio central, Jacques Preiss, vu en Marius dans Les Misérables au Châtelet, incarne ici cette séduisante crapule qu’est l’avocat Billy Flynn. On est tout surpris de retrouver un vétéran du spectacle de 2018, le comédien Pierre Samuel, qui se taille un beau succès avec son unique chanson, « Monsieur Cellophane ». Si Waku Malanda est une Mama assez sobre, J. Lebraud déploie une belle voix de contre-ténor, reprenant la tradition qui, depuis 1975, fait de la journaliste Mary Sunshine un rôle travesti.
A la tête de l’orchestre, les amateurs d’opéra seront peut-être surpris de découvrir Dominique Trottein, qui a jadis dirigé à Nancy les premières françaises de Billy Budd et de Mort à Venise. Mais Chicago est une telle réussite dans le genre du musical que l’on ne saurait s’étonner que des interprètes de formation classique s’y intéressent, et le spectacle du Casino de Paris offre au mélomane toutes les satisfactions que les scènes lyriques ne dispensent pas toujours …

Laurent Bury
 

 
Bob Fosse, Fred Ebb & John Kander, Chicago. Casino de Paris, 12 novembre ; jusqu’au 26 avril 2026 // www.casinodeparis.fr/fr/Chicago-Le-Musical-Le-Spectacle-Du-7-Novembre-2025-Au-31-janvier-2026-Billetterie-Paris
 
Photo © Cyril Bruneau

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