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​Démissions de Jean-Louis Grinda et Paulin Reynard – Les Chorégies face à un avenir plus qu'incertain

Ce n’est un secret pour personne, le plus ancien festival de musique de France, créé en 1869, est moribond depuis quelques années déjà ; Jean-Louis Grinda, qui en avait pris la direction artistique il y a dix ans avait même osé parler, à l’époque, dans les colonnes du Figaro, d’une manifestation « en phase terminale » ! Dix ans plus tard, de tentative de sauvetage, notamment par la Région Sud qui y avait injecté, en 2018, plus de deux millions et demi d’euros et augmenté la subvention annuelle passant de 450 000 € à 750 000 €, en changements de statuts administratifs, rien n’y a fait, la conjoncture ne faisant qu’aggraver le mal ; sans parler de la volonté de la municipalité d’Orange de réduire le nombre de soirées dévolues aux Chorégies dans l’enceinte du Théâtre Antique.

Le « docteur » Grinda et le directeur de production Paulin Reynard ont décidé de tirer le rideau et annoncé leurs démissions respectives, il y a quelques jours, à l’occasion de la conférence de presse de présentation de la manifestation. « L’été dernier nous avons pu organiser treize soirées, informait le désormais ex-directeur artistique. L’été prochain il y en aura six… J’avais proposé deux opéras, il n’y aura que La Traviata au programme en version mise en espace ».

Si Jean-Louis Grinda tente de donner le change en expliquant que le passage programmé de SPL (Société publique Locale) à EPCC (Etablissement public de coopération culturelle) l’aurait contraint à renoncer à une partie importante de son activité professionnelle, et même s’il confie ne pas être adepte d’une direction « au long cours » d’une manifestation comme les Chorégies, il ne cache pas son inquiétude quant à son avenir ainsi qu’à celui des personnels, soit sept salariés à l’année. De plus, lorsqu’on sait que 60% des recettes sont générés par la billetterie on comprends mieux la fragilité de l’ensemble. Richard Galy, conseiller régional en charge de la culture et Président des ChorégieS rappelait que l’annulation du récital de la pianiste Khatia Buniatishvili en 2024 avait généré un déficit de quelque 100 000 €.
 
Un seul opéra mis en espace en 2026

Entre « Musiques en Fête », en juin, et le concert de Renaud Capuçon qui viendra jouer des musiques de films au pied du mur le 18 juillet, « The magic of Motown » animera un « Harlem Gospel Choir » le 27 juin, La Traviata réunira Nadine Serra dans le rôle de Violetta, Ludovic Tézier dans celui de Giorgio Germont et Paolo Arrivabeni à la direction de l’Orchestre philharmonique de l’Opéra de Marseille, le 4 juillet, Philippe Katerine se produira le 7 juillet et, le 13 juillet, la danse sera à l’honneur avec Cendrillon de Prokofiev, dans une chorégraphie de Jean-Christophe Maillot et une scénographie de Ernest Pignon Ernest.
Rattrapées par une réalité économique sans pitié aggravée par une conjoncture plus qu’incertaine, à l’instar de la culture en général, les Chorégies, si elles survivent dans les mois et années qui arrivent, devront s’adapter à ce « nouveau monde » qui n’a rien d’une symphonie… Il ne nous restera alors que les souvenirs de ces soirées inoubliables, fabuleuses, historiques, vécues assis sur la pierre romaine et millénaire d’un théâtre unique au monde où nous avons eu, en d’autres temps, le privilège d’entendre les plus grandes voix !
 
Michel Egéa
 

(28/12/2025)

Programme des Chorégies 2026 : www.choregies.fr/

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