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Compte-rendu : L’Atelier de Musique à l’Opéra Bastille - Un Mahler chambriste



Fine équipe que celle réunie à l’Amphithéâtre de la Bastille pour un chambriste hommage à Gustav Mahler ! Constitué de jeunes musiciens en résidence à la Fondation Singer-Polignac, l’Atelier de Musique (photo), dont on a pu déjà apprécier le travail au Festival de Pâques de Deauville, s’est investi à plein dans un programme original qui lui donnait l’occasion de collaborer avec deux membres de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris.

Sous la direction de Marius Stieghorst (assistant de Philippe Jordan à l’Orchestre de l’Opéra), les instrumentistes offrent un accompagnement parfait de poésie et d’intelligence à Michal Partyka dans les Lieder eines fahrenden Gesellen réduits pour petit ensemble par Schönberg. Bien qu’un peu indisposé vocalement, le baryton polonais (remarqué à la fin de la saison passée dans le rôle du Chevalier de la Mirandolina de Martinu) a tenu à assurer le concert. Son timbre ne s’épanouit pas aussi complètement qu’on pourrait le souhaiter mais, en vrai pro, il se montre à la hauteur de l’enjeu et interprète le cycle avec émotion et simplicité, toujours à l’écoute de ses partenaires.

Plutôt que la réduction qu’Erwin Stein réalisa en 1921 de la 4ème Symphonie, l’Atelier de Musique lui a préféré la version de chambre récente (2007) de l’Allemand Klaus Simon. Une proposition passionnante - même si elle s’avère moins «fignolée » que celle de Stein - que les jeunes de l’Atelier de Musique s’approprient avec une vitalité et une musicalité rayonnantes. Aucune sensation d’appauvrissement du discours, mais tout au contraire celle d’une plongée au cœur de l’inspiration de musicien : impossible de résister à ce relief, ce lyrisme toujours tenu, ce fruité merveilleux des vents ! Le bonheur est à comble lorsque la soprano chypriote Zoe Nicolaidou, aussi radieuse que naturelle, s’empare du finale. Le public de l’Amphithéâtre plein à craquer termine la soirée sur un petit nuage… Longue et chaleureuse ovation, méritée ô combien.

Alain Cochard

Paris, Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, 14 janvier 2011

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Photo : Dr

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