Belle surprise que ce concert dominical de l’Orchestre Pasdeloup sous la direction de Wolfgang Doerner ! On savait déjà pour l’avoir entendu dans la Symphonie « Titan » que ce chef, viennois de naissance, vainqueur du Concours de Besançon en 1984, entrait en sympathie avec la musique de Gustav Mahler. Son interprétation de la Cinquième Symphonie est une merveille de naturel, de style, avec une maîtrise du discours tout à fait confondante. La clarté des plans, la mise en relief de la polyphonie, le sens de la phrase et de la progression participent d’une connaissance profonde, voire intime de l’œuvre de Mahler qui, sous une telle baguette, trouve sa cohérence depuis l’accablement de la Marche funèbre initiale jusqu’au ludique final savamment exécuté. Le célèbre Adagietto offre une pause extatique entre les éclats burlesques et les angoisses de la condition humaine.

L’Orchestre Pasdeloup n’entend pas se comparer à des formations prestigieuses (de temps en temps, le sentiment d’urgence et l’engagement le poussent dans ses derniers retranchements), mais sa foi chevillée au corps contraste avec des interprétations anémiées ou standardisées. Le pianiste autrichien Paul Badura-Skoda présent dans la salle montre, par ses applaudissements, un enthousiasme qui témoigne de la réussite de cette vision exemplaire.

En première partie, les musiciens semblent moins à l’aise dans l’accompagnement de la jeune Racha Arodaky qui semble parfois faire cavalier seul dans le Concerto n°1 pour piano de Liszt. Une impression d’improvisation ou d’impréparation se dégage. La soliste cependant, dans ces conditions instables, manifeste un véritable sens rhapsodique, un toucher subtil, un bel élan vital qui sont la marque d’un authentique talent qui aurait mérité plus d’implication de la part de Wolfgang Doerner.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 30 janvier 2010

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Photo : DR