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Le Quatuor Hermès à Quatuors à Saint-Roch - Rayonnante intériorité - Compte-rendu

Le mini-festival “Quatuors à Saint-Roch” ne sera pas passé à côté des débuts d’une des plus prometteuses formations de musique de chambre du moment. Premier Prix au Concours international de Genève en 2011, le Quatuor Hermès était déjà l’invité de la manifestation l’an dernier. On le retrouvait cette fois pour deux concerts : celui auquel nous avons pu assister a confirmé la place de premier plan que la formation française occupe désormais. Rien de tel que l’expérience de la scène, nous confiaient il y peu ces jeunes musiciens (Lire l'article). Que de progrès accomplis en l’espace d’un an ! On le mesure en savourant la gourmande complicité avec laquelle ils abordent le Quatuor en mi bémol majeur D. 87 (un prototype de « Hausmusik » encore bien éloigné des réalisations tardives l’Autrichien) que les interprètes emplissent d’une respiration heureuse. Tout coule de source, avec une homogénéité et une justesse stylistique remarquables. Le corpus schubertien fait partie des objectifs du Quatuor Hermès ; il peut s’y aventurer sans hésitation !

Intermède contemporain de la soirée, Miroir II de Boucourechliev – un ouvrage de 1989, créé en 1992 par le Quatuor Ysaÿe – montre l’aptitude des interprètes à se confronter à la modernité. Elle n’est jamais sèche ou intellectuelle sous leurs archets : l’exigence poétique les guide continûment : grand moment que la section Lent, que le compositeur note « con intimissimo sentimento ».

Marqué par l’exemple beethovénien, Miroir II prélude idéalement au Quatuor n°12 du grand Ludwig. Une sorte de fétiche pour les Hermès : l’Opus 127 figurait au programme de leur finale à Genève et ils l’ont magnifiquement enregistré depuis (1 CD Nascor). Pas un raclement de gorge plus d’une demi-heure durant ; d’un bout à l’autre l’équilibre souverain du propos capte l’attention. Energie, fougue de la jeunesse ? Certes. Mais c’est d’abord parce qu’elle vise haut, sans une once d’arrogance ou de grandiloquence, que cette interprétation d’une humaine et rayonnante intériorité émeut.

Alain Cochard

Paris, Chapelle du calvaire, 23 mars 2013

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Photo : DR
 

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