Agenda

    1. ( contre-ténor )
      Anfione
    2. ( soprano )
      Niobe
    3. ( interprète )
      Manto
    4. ( basse )
      Tiresia
    5. ( interprète )
      Clearte
    6. ( contre-ténor )
      Creonte
    7. ( interprète )
      Poliferno
    8. ( interprète )
      Nerea
    9. ( direction musicale )
    10. ( direction musicale )
    Programme :
    Version de concert
     
    Opéra en trois actes (1688)
    Livret de Luigi Orlandi, d’après Les Métamorphosesd’Ovide
    Concert en italien, surtitré en français
     
    Agostino Steffani (1654-1728) est un compositeur sorti de l’oubli depuis que Cecilia Bartoli lui a dédié une série de concerts somptueux dont celui de Versailles en 2013. Né en Vénétie, Steffani voyagea à Paris où il rencontra Lully puis passa la majeure partie de sa carrière, en tant qu'évêque et diplomate, en Allemagne, où il réalisa une synthèse étonnante des styles italiens et français.
    Philippe Jaroussky a tenu à ce que cette œuvre, qu’il a chanté à Boston, puisse être présentée en France. L’opéra Niobé, commandé en 1688 par le prince Maximilien II Emmanuel de Bavière, témoigne de l'éclat singulier de son écriture vocale. Le livret en italien dû à Luigi Orlandi s'inspire des Métamorphoses d'Ovide et raconte la tragique histoire de la reine de Thèbes punie par les dieux pour son orgueil. Survivant à la mort de ses douze enfants et au suicide de son mari Anfione, elle est transformée en pierre. Mais l'opéra de Steffani excède de très loin le simple postulat mythologique pour brosser, avec une multitude de personnages pittoresques, l'affrontement hautement politique entre Niobé – instigatrice à Thèbes d'une nouvelle religion, et Créonte – roi de Thessalie, fidèle à sa croyance.

    Si la trame rappelle Le Couronnement de Poppée de Monteverdi par ses personnages hauts en couleur, la musique de Steffani brille d'une empathie particulière pour la malheureuse reine déchue. Le compositeur a également réservé le meilleur de sa plume pour le personnage Anfione. Le sublime air « Sfere amiche » de l'acte I est riche par exemple en longues notes filées, portraiturant avec poésie ce roi contemplatif et soucieux d’harmonie.

    Dans ces deux rôles d'exception, la soprano Karina Gauvin aura tout l'heure de déployer le velours de sa voix charnue, tandis que le contre-ténor Philippe Jaroussky a subjugué le public américain, avec sa maestria transcendante, lors de la recréation de Niobé au Boston Early Music Festival en 2011. Tour à tour comique, noble, tragique, le reste de la distribution (Terry Wey en Créonte, Teresa Wakim et Aaron Sheehan dans le couple d'amoureux Manto/Clearte, Jesse Blumberg en magicien Poliferne, Christian Immler en Tirésias et José Lemos en drolatique Nerea) brille d'un éclat semblable, sous la direction de Paul O'dette et Stephen Stubbs, co-directeurs de cette fastueuse redécouverte.