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Zachary Wilder et La Rêveuse au festival Sinfonia – Le charme et le sens – Compte-rendu
Depuis quelques années, Sinfonia rayonne de plus en plus autour de Périgueux, investissant de belles petites églises – la département de la Dordogne est riche en la matière – choisies en fonction des projets musicaux du festival périgourdin. Option idéale que celle de Coursac pour accueillir l’intimiste concert que donnent Zachary Wilder et l’ensemble La Rêveuse (Florence Bolton, dessus et basse de viole ; Benjamin Perrot, luth et théorbe).
Music for a while ... Si la pièce, fameuse entre toutes, tient lieu d’intitulé du concert, le programme ne se cantonne aucunement à Henry Purcell. De John Dowland à l’Orpheus Britannicus, Zachary Wilder et ses deux partenaires ont choisi de parcourir la musique anglaise, du règne d’Elisabeth 1ère à celui de Charles II. Beau voyage que F. Bolton ponctue de quelques brefs commentaires qui permettent à l’auditoire de situer les compositions dans leur contexte historique. Avec trois ouvrages de Dowland (Come again, sweet love doth now / Dear, if you change / Can she excuse my wrongs) : la thématique dominante – l’Amour – du bouquet de songs et ayres interprétés par Z. Wilder est d’emblée affichée, tout comme s’impose immédiatement l’art de diseur du ténor américain dont la clarté de l’émission et la qualité d’articulation viennent d’abord servir les mots. Qualité d’articulation qui appartient tout autant à l’accompagnement plein de relief de F. Bolton et B. Perrot.
Zachary Wilder © zacharywilder.com
L’art de ces derniers s’illustrent aussi durant les intermèdes instrumentaux qui parsèment le concert, tels que l’improvisation sur «Fortune my foe »(à partir la version de Dowland) ou, non moins savoureuses, deux pièces de John Playford (The Queen’s delight Lady Catherine Ogle). Plus loin une Sonata for the treble viol et une Division in G major de Godfrey Finger (1660, vers 1730), défendues avec conviction, illustrent l’art d’un créateur – d’origine morave – qui, ignorant le déclin que connaissait l’instrument, contribua à faire perdurer la tradition de la viole outre-Manche.
Reste que c’est d’abord l’osmose parfaite entre voix et instruments que l’on retient d’une grande heure de musique. F. Bolton et B. Perrot tissent le plus bel écrin pour leur partenaire et, partant, l’aide dans la caractérisation de chacune des pièces : ondoyante fluidité de Slide soft you silver floods (H. Lawes), douleur vécue d’I am sick of love (W. Lawes) ou élan, énergie syllabique et luminosité de Bid me but live, and I will live et de Wert thou yet fairer than thou art (H. Lawes). Quant à Purcell Music for a while et O solitude charment tant par l’intensité que la simplicité de leur expression, tandis que Cupid, the slyest rogue alive souligne l’aptitude de Z. Wilder a donner vie à une miniature pour la métamorphoser en une irrésistible saynète. Prolongement inattendu – et tout trouvé ! – au programme, My funny Valentine tient lieu de bis.
Alain Cochard
28e Festival Sinfonia, Coursac, église, 30 août 2018
Photo © Sinfonia
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