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Yefim Bronfman à Pleyel - Grand pianiste, trop grand pianiste ? - Compte-rendu

Véritable star aux Etats-Unis, Yefim Bronfman ne jouit pas chez nous de la même réputation si l’on en juge par une Salle Pleyel relativement clairsemée. Ce disciple de Firkusny, Fleisher et Serkin à l’Institut Curtis de Philadelphie est, à 55 ans, en pleine possession de ses moyens pianistiques. Massif et souple tout à la fois, il témoigne d’une virtuosité accomplie et d’une concentration que rien ne vient distraire.

De telles facilités ont leur revers : la Sonate n°60 de Haydn est plus attachée à la forme qu’à l’esprit et manque d’humour et de respiration (Allegro molto final). Très articulée, la 3ème Sonate de Brahms, parfaitement idiomatique, connaît aussi une réalisation technique sans défaut. Ne lui manquent que l’engagement juvénile et l’émotion (Andante espressivo) malgré un sens indéniable de la construction.

Avec la Sonate n°8 de Prokofiev, la sonorité du pianiste change du tout au tout : Bronfman est, cette fois-ci, dans son élément. Puissant, dominateur, il réussit à unifier les contraires entre le motorisme des mouvements extrêmes et le charme de l’Andante sognando central. Les bis confirment sa maîtrise, en particulier dans une phénoménale Etude d’après Paganini de Liszt dont le brillant thème et variations convainc totalement, faisant oublier la grandeur trop contrainte de la première partie du récital.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 15 mai 2013

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Photo : Dario Acosta
 

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