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Y. Temirkano, N. Gutman et le Philharmonique de Saint-Pétersbourg - Visions contrastées - Compte-rendu


Comme chaque année, l’Orchestre Philharmonique de Saint-Pétersbourg et son directeur musical Youri Temirkanov font une halte au Théâtre des Champs-Elysées. Le concert du premier soir bénéficie de la présence de Natalia Gutman, interprète du Concerto pour violoncelle n°2 de Chostakovitch - dédié en 1966 à Rostropovitch.

La violoncelliste russe s’est fait une spécialité de cette œuvre (elle a d’ailleurs enregistré les deux Concertos il y a une vingtaine d’années avec Temirkanov pour RCA). Si sa conception d’ensemble est stylistiquement aboutie et donne à cette œuvre austère générosité et humanité, la perfection dont faisait preuve jadis Gutman s’émousse du point vue de la réalisation purement instrumentale. Le jeu n’a plus l’intonation et la justesse d’antan (dans les parties à découvert ou les doubles cordes des cadences), tandis que l’assise rythmique (Allegretto) est mise en défaut en dépit de la sûreté d’archet que l’on a toujours connue. Devant la fragilité de l’interprète, Temirkanov fait face non sans gêne à une situation délicate mais réussit pourtant à porter l’œuvre sur des sommets d’intensité (en particulier à l’extrême fin scandée par les battements de cœur du xylophone).

Bien plus alerte et dégagé de ses préoccupations précédentes, le chef conduit avec vigueur et sveltesse la Symphonie n°8 de Dvorak aux tempos très vifs (Allegro con brio). Le sens narratif, la dimension chorégraphique (Allegro grazioso), la puissance dramatique (Allegro ma non troppo final) sont magnifiquement servis par un orchestre aux sonorités chantantes. Les bois, d’une verdeur toute champêtre, respirent à pleins poumons malgré les accélérations et les coups de boutoir auxquels ils sont soumis. Un moment virtuose tempéré par le bis (la Huitième Danse slave op 72) d’une noble élégance et d’une nostalgie prenante.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, le 29 novembre 2011

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Photo : DR

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