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Werther selon Bruno Ravella à l'Opéra national de Lorraine – Puissant et intense – Compte-rendu

Pour ce Werther nancéen – une nouvelle production de l’Opéra national de Lorraine –, la mise en scène de Bruno Ravella s’attache d’abord aux rapports entre les personnages sans jamais tomber dans l’anecdote (la classique petite cité allemande, la nature si chère au romantisme germanique…). La scénographie sobre de Leslie Travers installe quelques accessoires (peu de meubles, un piano, murs tapissé de tableaux arcadiens) indispensables à l’action dans un huis clos réduit à l’essentiel. Dans des costumes d’époque sans particulière recherche, les personnages font montre d’une acuité psychologique saisissante.

© C2images pour Opéra national de Lorraine

Le Lituanien Edgaras Montvidas (que l’on a déjà entendu, entre autres, à l’Opéra-Comique dans Le Timbre d’argent de Saint-Saëns) incarne un Werther de chair et de sang qui n’a rien à envier aux prestations de ses aînés. Son français quasi parfait, la chaleur de son émission, son aisance, s’inscrivent dans le sillage d’un Alfredo Kraus. Prise de rôle attendue, Stéphanie d’Oustrac offre une Charlotte très convaincante par l’intensité de sa prestation, tant sur le plan théâtral que vocal. Les dernières scènes atteignent une dimension tragique par un engagement aux limites de la rupture. Le reste de la distribution est proche de l’idéal avec la fine et exquise Sophie de Dima Bawab et le noble Albert de Philippe-Nicolas Martin d’une belle sûreté de ton. Les comparses tiennent particulièrement bien leur rang, en particulier Eric Vignau en Schmidt, Erick Freulon en Johann et Marc Barrard, Bailli bonhomme au timbre un peu mat.
 

Jean-Marie Zeitouni © David Curleigh

La réussite du spectacle doit beaucoup à la direction de Jean-Marie Zeitouni ; le chef canadien allie la légèreté de touche à la force dramatique, soucieux des équilibres ainsi que des nuances à la tête d’un Orchestre symphonique et lyrique de Nancy des meilleurs jours. Une mention toute particulière aux enfants du Conservatoire Régional du Grand-Nancy ; ils apportent fraîcheur et innocence à un Werther qui, par sa puissance de conviction, restera dans les mémoires.
 
Michel Le Naour

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Massenet : Werther - Nancy, Opéra national de Lorraine, le 15 mai 2018
 
Photo © C2images pour Opéra national de Lorraine

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