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Week-end Mozart au Conservatoire d’Art Dramatique - Bonheur parfait - Compte-rendu

Ce Week-end Mozart au Conservatoire d’art dramatique proposé par l’Orchestre de Paris renoue avec un passé légendaire. C’est en effet dans cette vénérable institution que fut créée en France la Symphonie « Héroïque » de Beethoven en 1828 par une association de professeurs et d’élèves dirigés par François-Antoine Habeneck : l’aventure la Société des Concerts du Conservatoire commençait… Avec la venue du pianiste Menahem Pressler (87 ans), invité d’honneur, le ton se prête d’emblée à la poésie, à la communion et à la connivence musicale.

Après l’enjoué et festif Divertimento pour cordes n°3 en fa majeur (1772) emmené de manière impériale par le violon fin et racé de Roland Daugareil, le climat change du tout au tout avec le Quatuor pour piano et cordes n°2 en mi bémol majeur, K. 493 (1786). Véritable bain de jouvence que la présence de Menahem Pressler : avec clarté, lyrisme, sens de la respiration et naturel, il entraîne ses partenaires sur les cimes. On éprouve le même sentiment à l’écoute du bis : le Nocturne en ut dièse mineur op posth. de Chopin, véritable rêve éveillé qui, par sa simplicité et son absence d’ostentation, rejoint Bach et Mozart. Le Grand sextuor concertant (transcription anonyme de la « Symphonie concertante » de 1779), malgré une exécution brillante (le violon de Roland Daugareil, l’alto de David Gaillard, le violoncelle d’Eric Picard), ne fait oublier ni l’original, ni sa densité tragique (Andante). L’enthousiasme des musiciens et leur joie d’être ensemble fait plaisir à voir.

Le second concert est de la même veine et comble par la fusion à laquelle parviennent les violonistes Pascale Meley et Gaëlle Bisson, l’altiste Nicolas Peyrat et le violoncelliste Alexandre Bernon dans le Quatuor « Les Dissonances ». Dans le Quintette pour clarinette et cordes KV 581, la quintessence du raffinement, le lyrisme de la clarinette sensuelle de Philippe Berrod rejoint l’élan naturel et l’élégance racée de ses comparses.

Des moments de grâce qui mettent en valeur les instrumentistes de l’Orchestre de Paris. Public clairsemé pour cette première session, mais bonheur au rendez-vous. Une aventure réussie à renouveler toutes affaires cessantes.

Michel Le Naour

Paris, salle du Conservatoire d’Art Dramatique, 5 et 6 mai 2012

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Photo : DR
 

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