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Véronique Gens et Susan Manoff à l’Opéra national du Rhin - Heure exquise - Compte-rendu

Massenet, Duparc, Gounod, Chausson, Hahn : pour son récital strasbourgeois, Véronique Gens se confronte à une vingtaine des plus belles pages de la mélodie française. Rien d’ostentatoire dans cette manière si subtile, si pure, d’aborder un répertoire où l’on ne peut qu’être soi-même et se révéler dans le plus profond de sa personnalité.

Les six mélodies de Massenet qui ouvrent le concert la sentent un peu contenue dans ses élans, mais l’écriture de ces œuvres ne facilite pas non plus la débauche de couleurs. La voix prend progressivement de l’ampleur, atteignant un équilibre souverain (Soleil couchant, Nuit d’Espagne). D’une autre trempe, L’Invitation au voyage, la Romance de Mignon, la Chanson triste de Duparc permettent une interprétation variée servie par un remarquable sens du phrasé. Même impression avec Gounod (Où voulez-vous aller ? , Sérénade) et plus encore dans Le Temps des lilas et La Chanson bien douce de Chausson. Les mélodies de Reynaldo Hahn, d’un naturel parfois archaïsant (A Chloris, Pholoé), bénéficient pour leur part de l’art maîtrisé et aguerri à la musique baroque de la soprano. Et l’on ne dira jamais assez combien Susan Manoff, véritable alter ego, sait entrer en communion avec sa partenaire par l’intelligence stylistique de son accompagnement.

Changement de climat pour les bis où Véronique Gens témoigne d’un humour décapant et théâtral dans trois des plus célèbres Fables de La Fontaine réinterprétées par Offenbach, ainsi que d’une grâce éloquente dans les incontournables Chemins de l’amour de Poulenc.

Michel Le Naour

Strasbourg, Opéra, 8 décembre 2012.

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Photo : Alexandre Weinberger Virgin Classics
 

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