Journal

Une interview de Thomas Leleu – Le tuba vagabond

 

Tuba solo de l’Orchestre de l’Opéra de Marseille, révélation soliste instrumentiste aux Victoires de la Musique en 2012, le tubiste Thomas Leleu est parti vivre du côté de Berlin depuis quelques années. Après « In the mood for tuba »(1) et « Stories »(2), le musicien vient de sortir son troisième CD, « Born to Groove ».(3) Un voyage autour du monde pour un tuba vagabond. Rencontre.
 
 
De l’Arménie au Brésil, de Schubert à Bizet, « Born to groove » est un CD ouvert sur les musiques et sur le monde. Qu’est-ce qui a présidé à sa naissance ?
 
Thomas LELEU : C’est un CD sur lequel je travaille depuis longtemps. En fait il est le prolongement du spectacle « The tuba’s trip » que j’avais créé à l’Odéon de Marseille avec le soutien de l’Opéra il y a quelques années. J’ai voulu poursuivre le travail que nous avions entamé avec mes amis musiciens Laurent Elbaz, Jérôme Buigues, Lamine Diagne, Sam Favreau et Philippe Jardin. C’est un disque à la croisée des chemins, entre musique classique et musiques du monde mâtinées de jazz. J’ai reçu une éducation classique mais j’adore les musiques du monde, les musiques latines… J’apprécie de faire se rencontrer ces univers différents. Puis ça me permet de créer mes sonorités, sans m’imposer de limites. J’aime aussi l’idée que chacun puisse trouver son bonheur à l’écoute de ces compositions.
 
La musique classique est-elle toujours présente dans votre carrière ?
 
T.L. : Tout à fait. Je poursuis une carrière de musicien classique et je me produis régulièrement comme soliste, invité par les orchestres un peu partout dans le monde, en duo avec mon frère Romain à la trompette (lui aussi révélation aux Victoires de la musique classique en 2009 ndlr) en trio piano, vibraphone tuba et avec mon sextet. Je donne aussi des master-classes, ce qui me permet de transmettre toutes les facettes du métier et de promouvoir le tuba. C’est une vie beaucoup moins stable que celle de musicien d’orchestre mais elle est très riche et oblige à imaginer des choses en permanence, à explorer tous les champs des possibles.
 
Y-a-t-il d’autres tubistes qui mènent ce genre de carrière ?
 
T.L. : Je pense qu’actuellement nous sommes deux, un tubiste norvégien et moi-même. En fait, c’est Marc Steckar qui m’a montré la voie. Ce fut l’un des premiers à faire voyager le tuba au cœur de différents univers musicaux. J’étais fan de son travail et plus tard il a composé une pièce pour moi. Il nous a quittés en 2015…
  
Plusieurs compositeurs ont travaillé pour vous ces dernières années. Quelles sont, aujourd’hui, vos envie ?
 
T.L. : Jean-Philippe Vanbeselaere a écrit « Convergence » pour moi, Richard Galliano m’a offert « Fables of tuba » que j’ai créé avec l’orchestre de l’Opéra de Marseille en 2013. Vladimir Cosma et Claude Bolling, entre autres, m’ont dédicacé des partitions. J’aimerai aussi travailler sur les musiques d’aujourd’hui avec des compositeurs comme Karol Beffa ou Thierry Escaich ou jouer en duo avec Ibrahim Maalouf… En fait j’aime lancer des ponts entre les musiques. Je suis contre le fait d’enfermer les gens dans des cases. Je veux vivre chaque expérience comme quelque chose d’unique et en tirer le meilleur…
 
Etre expatrié n’est-ce pas trop pesant ?
 
T.L. : Pas du tout ; en fait j’aime vivre à l’étranger ; ça me permet de prendre du recul sur le métier ; c’est aussi inspirant et enrichissant. Puis en Allemagne le tuba est un instrument reconnu, bien plus qu’en France… Mais Marseille me manque et chaque année, j’essaye d’en faire mon point de départ des concerts estivaux… C’est une ville que j’aime fort !
 
Propos recueillis par Michel Egéa, le 21 mai 2021
 
Site de Thomas Leleu : thomasleleu.com
  
(1) 1CD Fondamenta
 
(2) 1CD Ars Produktion
 
(1) « Born to Groove », Thomas Leleu, tuba / 1CD #NomadMusic.
 
Photo © DR
Partager par emailImprimer

Derniers articles