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Une interview de Marina Viotti, mezzo-soprano – « La musique seule peut rassembler les gens »

 
Elle déborde de vie, d’enthousiasme et de projets, enchaîne productions, concerts et récitals à un rythme effréné, répond aux sollicitations des radios, investit les plateaux télé et incarnera pour la première fois la célèbre Cenerentola au Théâtre des Champs-Elysées du 9 au 19 octobre prochains, sous la direction de Thomas Hengelbrock et dans la mise en scène de Damiano Michieletto. Inconnue il y a encore deux ans, Marina Viotti, fille du regretté chef d’orchestre (1), est aujourd’hui sur tous les fronts, mezzo au tempérament volcanique aussi à l’aise dans les roulades rossiniennes que dans une chanson de Brel. Sa liberté, son audace et son talent aussi varié qu’imprévisible, lui ont ouvert en peu de temps les portes des plus grandes institutions, la salle de l'avenue Montaigne l’accueillant cette saison en quasi-résidence, d’octobre à juin, dans un programme à donner le tournis. Gros plan sur une artiste résolument moderne, lucide et en phase avec son époque.

 

© Emilie Brouchon
 
Pour quelqu’un venu tardivement au chant, vous n’avez pas perdu de temps pour embrasser la carrière. La saison qui vient de s’écouler a été riche, mais celle qui s’annonce devrait l’être encore davantage. Comment avez-vous vécu ces derniers mois et accueilli le titre d’ « Artiste de l’année » reçu aux dernières Victoires de la musique classique ?

C’est incroyable, parfois vertigineux, mais je ne vais pas me plaindre. Moi qui ai fait mien depuis toujours le fameux adage « Chi va piano va sano » et essaie de faire les choses avec calme, même si je suis quelqu’un de dynamique, tout s’écroule ! A mes débuts j’ai voulu veiller à ne pas brûler les étapes, mais comment faire face à ce raz de marée ? Alors que cette rentrée était déjà bien remplie je viens d’accepter d’aborder ma première Carmen en concert au TCE, alors évidemment il faut veiller à ne pas se brûler les ailes, à se préserver, mais tout cela est théorique.
Les choses se sont accélérées ces deux dernières années et presque sans mon contrôle. Je ne regrette rien, mais je sais intimement que je dois contenir mon enthousiasme car tout ce que je fais reste dans mes cordes, mais je sens que le début de saison vient juste de démarrer et je n’ai pas vu l’autre s’arrêter. Je m’interroge donc sur la manière dont je vais pouvoir garder le rythme. Car vient s’ajouter depuis peu l’angoisse liées aux trajets : désormais nous devons faire face à des retards incessants qui sont autant de stress supplémentaire. Je prends fréquemment le train et aucun n’arrive à l’heure, ce qui m’oblige à tout réorganiser une fois parvenu à bon port. En Allemagne j’ai dû jongler avec de nombreuses annulations qui ont eu des conséquences sur mon quotidien. Si la situation ne s’améliore pas la gestion va être ingérable. Nous sommes tributaires des transports et nous ne pouvons plus prévoir ce qui va nous arriver, cela s’avère extrêmement pesant. Heureusement que j’ai les pieds sur terre et que je pratique le sport pour m’aider à juguler ces difficultés. Je vais sans doute être amenée à limiter mes déplacements, à ralentir les allers et retours chez moi et devoir acheter un pied à terre à Paris où je risque d’être souvent invitée dans le futur.
Je comprends les chanteurs qui font ça et ceux qui chantent moins d’opéra car cela vous accapare pendant deux mois et vous ne pouvez plus vous consacrer à d’autres projets personnels. Je vais devoir trouver du temps pour moi car j’adore ce que je fais, en étant attentive aux propositions qui me sont faites et qu’il est parfois impossible de refuser. Je ne voudrais pas me fatiguer inutilement et être obligée d’annuler des engagements.
 

La Cenerentola ( m.e.s. Damiano Michieletto)© Klaus Gigga

Ce n’est sans doute pas par hasard si vous êtes là aujourd’hui, car vous êtes issue d’une famille de musiciens par votre père, célèbre chef, votre mère violoniste mais également vos frères et sœurs, eux-mêmes musiciens. Vous avez malgré tout voulu rompre un temps avec ce milieu pour vous en échapper, avant de revenir sur votre décision : comment l’expliquez-vous avec le recul ?

C’était plus de l’ordre de la douleur, car quand mon père est mort, lui qui symbolisait pour moi la musique classique, moi qui le suivais depuis plusieurs années partout et tout le temps, qui écoutais en sa compagnie de la musique toute la journée, tout s’est arrêté du jour au lendemain. Ecouter de l’opéra me ramenait à lui et je ne le pouvais plus. Ce n’était pas une rupture de rebelle, mais tout simplement parce que je n’étais plus en capacité de me retrouver dans une bulle musicale sans lui. J’y suis revenue après une période de deuil d’environ cinq ans. Mon père n’avait que cinquante ans et ayant associé la musique classique à sa mort, j’ai donc dû faire la paix avec tout cela. Lors d’un stage de marketing le hasard a voulu que je me retrouve dans un festival et en remettant les pieds dans ce milieu j’ai compris que c’était là toute ma vie. J’en ai donc profité pour prendre ce nouveau virage.

Ce qui explique pourquoi cela a été plus facile pour vous. Par rapport à d’autres jeunes apprentis musiciens, vous aviez déjà une oreille formée et une culture qui vous ont aidées dans l’apprentissage du chant lorsque vous avez choisi cette voie. En aviez-vous conscience et en avez-vous profité ?

J’ai avancé plus vite que d’autres à cause de ce bagage et du fait que j’étais tombée très tôt dans la marmite, mais également parce que je suis une énorme travailleuse. Je savais que j’avais perdu du temps et j’ai travaillé six fois plus que les autres et tous les jours en bon taureau que je suis, fonceuse et en me donnant les moyens de parvenir là où je voulais. J’ai aussi eu la chance de rencontrer des gens formidables ce qui m’a permis d’oublier ceux m’ont dit que je n’y arriverai jamais. Il me fallait cette foi en la vie et cet appel que j’avais enfoui en moi depuis toujours. Le nom que je porte a été à la fois une bénédiction et un handicap, car je suis toujours attendue au tournant, mais certaines portes se sont ouvertes aussi plus facilement. J’ai dû affronter longtemps les références à mon père qui était très aimé et j’avais peur que l’on me demande en mémoire de son travail. J’ai donc dû attendre que les théâtres me réinvitent pour être certaine que ce n’était pas seulement à cause de mon nom ; en faisant de nouveau appel à moi j’étais rassurée. Longtemps à chaque audition on avait un mot pour mon père, j’en étais flattée et heureuse, mais il fallait après cette évocation que je chante et ce n’était facile. J’ai beaucoup douté, mais cette Victoire m’a donné du courage, je suis récompensée pour ce que j’ai fait et je le vis avec beaucoup de satisfaction.
 

La Cenerentola ( m.e.s. Damiano Michieletto)  © Klaus Gigga

Votre parcours est parsemé de diplômes, d’initiation au chant à travers différents styles, d’études de philosophie et de littérature, d’une formation vocale au sein des chœurs de l’Opéra de Vienne, avant d’intégrer la Haute Ecole de Musique de Lausanne et d’y obtenir un diplôme de soliste, mais a aussi et surtout été marqué par plusieurs rencontres avec des professeurs qui vous ont formé : les mezzos Heidi Brunner et Brigitte Balleys et le ténor Raúl Giménez. Que vous ont-ils apporté d’essentiel ?

Ces rencontres sont cruciales dans un parcours de chanteur, car un mauvais professeur peut ruiner un chanteur à vie, psychologiquement comme techniquement, alors qu’un bon enseignant peut tout changer et je peux dire que je suis redevable aux trois qui ont croisé ma route à des moments clefs. Sans Heidi je pense que je ne serai pas devant vous aujourd’hui. Brigitte est arrivée quand je devais faire un pas de plus et c’est Heidi elle-même qui m’a conduite vers Brigitte, car elle pensait m’avoir tout donné et le moment était venu pour moi d’entrer dans un conservatoire pour parfaire d’autres apprentissages. Brigitte m’a apporté le répertoire, transmis son goût pour la liberté, mais j’avais des problèmes techniques que je n’arrivais pas à résoudre et que seul Raúl a été en mesure de régler. Je n’avais pas d’aigu et lui grand connaisseur de la technique italienne m’a amené là où je devais et en quelques minutes est parvenu à débloquer cela en deux exercices. Tout était résolu, je n’en revenais pas, mais lui seul avait la clef de ce bel canto qui permet à tant de voix de durer sainement.

Comment s’est passée la découverte de votre voix, de sa tessiture ? Le fait d’être mezzo vous a-t-il plu immédiatement, ou auriez-vous préféré appartenir à une autre catégorie vocale ?

J’étais ravie d’avoir une voix grave car j’ai toujours aimé le violoncelle, les basses. Je n’y peux rien, je suis née avec cette voix charnue et chaude qui l’était davantage au début et que j’ai perdu en la déplaçant vers le haut, mais que je retrouve un peu maintenant, car tout se rééquilibre avec l’âge ; cela fait dix ans que j’exerce et ma voix a changé avec les hormones, la vie, la pollution... Sa couleur initiale revient, après être passée vers quelque chose de plus brillant et récemment on m’a demandé si je voulais tenter Malcom ou Elena (les deux rôles principaux de La donna del lago de Rossini), ce qui est normal pour une mezzo. Mais plus j’avance et plus je suis à l’aise dans le médium grave, car je possède des aigus mais ils me demandent des efforts. Je sens donc aujourd’hui que ma nature est plutôt proche de la tessiture de Malcom. Mais tout est une question de challenge et il faut faire attention à bien répartir les rôles dans toute la saison. J’ai accepté Carmen car elle suivra cette série de Cenerentola dont la voix est centrale et grave ; si j’avais été programmée dans Rosina j’aurais refusé. Vous voyez, je veille à équilibrer les partitions car ensuite je chanterai Maddalena (Rigoletto) pour me reposer, ne pas avoir à apprendre de nouveaux rôles et limiter le stress : c’est indispensable et je le répète à mon agent, cela me permettra de durer plus longtemps. Je vais essayer de garder ces plages. J’ai encore des Siebel dans les cinq ans qui arrivent …

Vous avez très vite débuté sur scène en Suisse dans des rôles de mezzos légers avant de vous faire remarquer dans des rôles rossiniens pour lesquels vous semblez faite, tout en alternant certaines partitions plus exigeantes comme Elisabetta (Stuarda), Bradamante (Alcina), Alceste, ou moins attendues telles que La Grande Duchesse de Gerolstein et La Périchole. A bien y regarder on sent chez vous un plaisir réel à mélanger les genres, les styles et les époques. D’où cela vous vient-il ?

De mon enfance, car toute petite déjà j’adorais fréquenter des communautés différentes ; au collège j’allais à des concerts de métal, le lendemain assistais à une rave et je suis touchée par beaucoup de musiques comme la musique arabe, ou le flamenco qui me procurent des sensations incroyables. C’est sans doute pourquoi il m’était difficile de choisir un chemin. En tant que mezzo on a tant de rôles différents à jouer, c’est infini car je peux être une femme fatale, une méchante, une sorcière, un homme …. J’ai énormément de chance. Et parfois il faut également savoir sortir de sa zone de confort comme j’ai pu le faire avec Alceste.
 

Damiano Michieletto © Stefano Guindani

Justement vous répétez en ce moment sur la scène du TCE La Cenerentola de Rossini, dans une mise en scène de Damiano Michieletto. Pouvez-vous nous en parler ?

Je suis fan mais n’ai pas encore eu l’occasion de travailler directement avec lui ; comme sur Le voyage à Reims à Valencia en 2020, cette Cenerentola est une reprise à laquelle il ne participe pas. Il s’agit pour moi d’une prise de rôle et personne ne veut le croire m’étant fait connaître grâce à Rosina ; je l’attendais et avais peur de dépasser l’âge…. Je suis contente d’avoir reçue cette invitation car il s’agit d’un rôle d’ingénue, d’un personnage doux et naïf plutôt rare pour les mezzos. Je ne savais pas trop comment j’allais m’en sortir, pensant que ce personnage pouvait manquer de caractère, mais ici justement, elle n’est pas gentille mais plutôt vue comme quelqu’un qui, pour exister, doit se rebeller. Elle passe souvent pour une victime, ce qu’elle est en partie, mais il y a une force en elle et cette bonté qui la caractérise sera au final mise en avant et lui permettra de triompher. Chez Michieletto elle se fait battre par Magnifico, qui va jusqu’à lui mettre la tête dans un seau, il y a une certaine violence qui édulcore l’aspect comique et du coup elle est terrifiée tout en lui tenant tête, cela donne du relief et me permet de m’y retrouver. Je vais pouvoir montrer une autre facette de ma personnalité, aller chercher au fond de moi de la tendresse, un sentiment que je n’ai pas toujours l’occasion de montrer.
 

© Sabine Boesch

Vous est-il facile de vous plier aux idées d’un metteur en scène tout en ayant le sentiment de ne pas être tout à fait dépossédée de votre propre interprétation d’un personnage ?

C’est un peu le jeu, surtout sur une nouvelle production, car lorsque l’on crée on le fait en binôme et cela ne peut se faire qu’en partageant les mêmes idées. J’ai rencontré des metteurs en scène qui avaient des idées opposées aux miennes et avec qui j’ai pu discuter, car s’ils ont de bons arguments, je m’incline. Plus j’avance et plus je sais que je ne souhaite pas d’expérience où le metteur en scène n’a rien à défendre. Sinon je suis prête à mettre mon ego de côté pour approfondir une vision, même si au départ je ne l’avais pas envisagée. Il y a quelques temps j’ai dû faire une Isabella nymphomane, ce qui changeait tout mais qui était intéressant, car je ne voyais pas ce personnage comme ça. Dans ce concept elle était pathétique et j’ai aimé le faire. Ce qui me pose problème c’est d’envisager Carmen comme une vulgaire prostituée ; là j’ai du mal, je ne suis pas féministe, mais peu de femme au théâtre ont cette force et je ne voudrais pas en faire un personnage caricatural.

Nous allons beaucoup vous entendre cette saison au TCE où vous étiez la saison dernière dans La Périchole (Pelly décembre 2022), puisque vous reviendrez pour La Chauve-souris en décembre, Les Sept Péchés Capitaux en janvier, L’Olimpiade en juin et pour un concert Haendel le 28 juin, et venons d’apprendre que vous aviez accepté de remplacer Marianne Crebassa dans Carmen, en concert le 22 octobre. Qu’est-ce que cette hyper-présence vous procure et une nouvelle fois, comment une jeune artiste peut-elle se voir confier des propositions si diverses, quand tant de vos homologues se plaignent d’être souvent mises dans cases d’où il leur est difficile de sortir ?

C’est une très bonne question ; je vous répondrai qu’il s’agit de l’image que j’ai véhiculée dès mes études. J’ai toujours aimé raconter des histoires sans savoir que cela ne se faisait pas. Je n’avais jamais assisté à un récital et quand j’ai été confronté à mes premiers jurys, je les ai surpris mais ils ne m’ont pas sanctionnée. Je ne sais pas ignorer les gens et j’ai donc imposé ce rapport de manière naturelle. J’aime le public, m’adresser à lui, une attitude que j’avais déjà dans les festivals de rock auxquels j’ai participé. Aujourd’hui je prends le temps de répondre à ceux qui m’écrivent sur les réseaux sociaux, c’est comme ça ! J’ai été soutenue par le conservatoire et cela m’a donné des ailes, puis les festivals suisses m’ont proposé des cartes blanches et en cherchant d’autres formes j’ai montré la passion et le sérieux qui me constituent. Mes récitals ne sont pas construits comme des patchworks, je tisse toujours des liens et suis un fil rouge. Je suis connue pour ça et appréciée pour cela.
 

Ici, au TCE, j’ai la chance d’avoir été remarquée et soutenue par Michel Franck et Baptiste Charroing, car il y a deux ans personne ne me connaissait et grâce à leur confiance, aux Victoires, à La Périchole, au disque réalisé avec Christophe Rousset (« A tribute to Pauline Viardot » chez Aparté), les choses ont bougé. Aujourd’hui on accepte qu’un chanteur propose des expériences différentes, s’aventure dans des territoires souvent réservés. J’ai pour modèles Anne-Sophie Von Otter et Luciano Pavarotti qui pouvait chanter avec Sting, Zucchero ou Suzanne Vega. Il faut être habité par ce que l’on fait et pour ma part j’éprouve autant de plaisir à chanter du Brel que du Duparc, qui ne sont pas si éloignés d’ailleurs : le texte et l’instrumentation ont une richesse similaire. Le public qui découvre Brel et Fauré dans un même programme se rend compte tout à coup que des ponts relient les œuvres aux autres et comprend pourquoi il a été conduit jusque-là, réalisant que les barrières sont plus souvent mentales que musicales.

Je fais de la musique car je suis convaincue qu’elle seule peut rassembler les gens et nous en avons besoin. Longtemps cette notion était acceptée, puis sans que l’on sache vraiment pourquoi nous n’avons plus eu le droit de toucher quoique ce soit, les partitions ont été sacralisées, ce que je regrette. Aujourd’hui on réalise que cela nous permet d’aller plus loin et la nouvelle génération va prolonger cette opportunité. On décloisonne de plus en plus et cela fait du bien. Faire un Liederabend sans avoir le droit de s’adresser au public me serait insupportable. Vous vous rendez compte que l’on m’a conseillé de ne pas chanter Brel, car je suis une femme … Et pourtant je peux vous dire qu’en général le public qui vient m’écouter apprécie justement le fait que je mette un tel artiste au programme.
 

La Cenerentola ( m.e.s. Damiano Michieletto)  © Klaus Gigga

Un mot à ce propos sur le milieu musical dans lequel vous évoluez et où la concurrence semble être devenue féroce. Est-ce quelque chose qui vous semble naturel, ou que vous ressentez avec plus de force que vos alter ego du passé ?

Je n’ai aucun souci avec cela, n’éprouve ni envie, ni jalousie. Il y a de très bonnes mezzos à l’heure actuelle et il y a de la place pour tout le monde, d’ailleurs nous sommes très amies. J’ai dernièrement chanté au Louvre avec le Concert de la Loge et, ayant été appelée la veille, n’avais aucune robe dans mes bagages. J’ai donc demandé à un copine mezzo, qui avait la même taille, de m’en prêter une ; vous voyez notre réseau existe. Bien sûr la concurrence due à la mondialisation, à internet, le nombre d’artistes venus de l’Est, des Balkans, de Chine ou d’ailleurs fait exploser les choses. Ce qui reste difficile, c’est qu’entre deux bons chanteurs on va choisir celui dont l’image sera la plus porteuse, car pour vendre des billets il faut que l’affiche soit jolie et que la personne donne envie. Nous ne pouvons en faire abstraction et sommes obligés de gérer notre image ce qui est assez pénible et chronophage !

N’est-il pas démoralisant d’être filmé n’importe où et n’importe quand et de se dire que si l’on rate une note tout le monde va le savoir et que les critiques vont déferler ?

Cela a toujours existé, avant les journaux s’en faisaient l’écho désormais ce sont les réseaux sociaux. Rater une note n’est plus une catastrophe, nous avons appris à nous détendre par rapport à cela. Beaucoup de ténors craquent leurs aigus et la terre ne s’arrête pas de tourner : notre métier reste du spectacle vivant. Des haters sur internet il y en a pour tout le monde : j’ai parfois des commentaires affreux mais cela ne me fera pas arrêter, car de toute façon nous sommes jugés en permanence.

Que peut on vous souhaiter quand votre avenir semble si bien tracé ?

Euh … De trouver un meilleur équilibre entre vie privée et vie publique, c’est en tous cas ce que je souhaite en ce moment pour pouvoir progresser sainement. Si un jour je suis mère, je prendrais les décisions qui conviendront, mais pour le moment ce n’est pas encore sur mon planning. C’est difficile dans ce métier où nous sommes un jour ici un jour ailleurs, il nous faut trouver du temps pour tout. J’aimerais tant avoir des journées plus longues (rires).
 
Propos recueillis par François Lesueur le 27 septembre 2023
 

(1) Marcello Viotti (1954-2005)

Rossini : La Cenerentola
9, 11, 13, 15, 17 & 19 octobre 2023 ( 19h30, 17h le 13)
Paris – Théâtre des Champs-Elysées
www.theatrechampselysees.fr/saison-2023-2024/opera-mis-en-scene/la-cenerentola

Photo © Emilie Brouchon 

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