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Tugan Sokhiev dirige Samson et Dalila à Toulouse et Paris - Concert-péplum


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Camille Saint-Saëns n’est jamais où on l’attend, et encore moins dans sa production lyrique ! Le Timbre d’argent, avec son sujet empreint de fantastique puis La Princesse jaune, plus proche des canons classiques de l’opéra comique, n’annonçaient en rien le drame historico-sensualiste de Samson et Dalila, entrepris en 1868 pour Pauline Viardot, et qu’elle créa partiellement lors d’exécutions plus ou moins privées.

Ce sera finalement Liszt qui, honorant une promesse faite à Saint-Saëns, fera créer l’ouvrage à Weimar le 2 décembre 1877, dans une traduction allemande approximative et bâclée. Saint-Saëns fut sensible à l’hommage et retrouva son ouvrage dans sa vraie langue lors d’un concert bruxellois quelques temps plus tard.

Concert. Il n’y a rien d’incongru à réserver Samson et Dalila au concert. Saint-Saëns confiait lui-même qu’il avait écrit son opéra alors même qu’il désirait rénover la tradition du grand oratorio, genre demeuré sans réel devenir depuis Haendel. Le plus cosmopolite des compositeurs français avait donc l’intention d’écrire une œuvre hors cadre. La scène lui va au fond un peu moins bien que le concert, qui le débarrasse de ses costumes et de ses décors pour en mieux faire paraître l’éloquence.

Et c’est encore en pensant aux temps anciens que Saint-Saëns aborda le sujet, reprenant à Voltaire l’idée avortée de ce livret d’un Samson envisagé pour supporter une tragédie lyrique que Rameau n’écrira jamais. Saint-Saëns confia la rédaction du livret – faiblesse de l’ouvrage plus par la langue que par l’efficacité dramatique – à un jeune créole, Ferdinand Lemaire, qui avait épousé une de ses cousines éloignées, mais c’est bien dans un orchestre évocateur et fulgurant qu’il mit tout son génie.

Tugan Sokhiev revisite le temple, nul doute qu’avec ses forces toulousaines il proposera une lecture drastique de cet ouvrage toujours resté à part, populaire mais pourtant méconnu.
Distribution en or : Borodina, Heppner, Tomasson, on applaudit devant cette triade de gosiers, mais le français dans tout cela ? On verra, on se remboursera en tous cas avec l’Abimélech de Nicolas Testé, et de toute façon, voici un demi-siècle que l’ouvrage attire d’abord pour le couple phare des chanteurs étrangers.

Jean-Charles Hoffelé

Camille Saint-Saëns : Samson et Dalila (en version de concert)

Olga Borodina, Ben Heppner, Tomas Tomasson, Nicolas Testé

Chœur et Orchestre National du Capitole de Toulouse, dir. Tugan Sokhiev

13 et 15 mai 2011

Toulouse, Halle aux grains

www.onct.mairie-toulouse.fr

Le 17 mai 2011

Paris, salle Pleyel

www.sallepleyel.fr

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Photo : DR

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