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Trois Questions à Romain Leleu – Quand la trompette fait son cinéma
Trois Questions à Romain Leleu – Quand la trompette fait son cinéma
Un vrai régal ! Il ne faut surtout pas manquer l’album « Move » que Romain Leleu a offert il y a quelques semaines chez Harmonia Mundi. Les cordes du Romain Leleu Sextet, le Anne Paceo Trio et l’Orchestre Philharmonique de Stuttgart, dirigé par Marcus Bosch, y tiennent compagnie au trompettiste dans un programme sur le thème de la trompette au cinéma, qui enchaîne des pages fameuses de Rota, Legrand, Miles Davis, Delerue, Mancini, etc. (dans de remarquables arrangements de Manuel Doutrelant), avec des transitions-ponctuations sonores bien trouvées. Il permet en outre de découvrir le premier enregistrement du très prenant Move, concerto pour trompette de Baptiste Trotignon créé début 2020 en Finlande par Romain Leleu. On a interrogé l’un de nos plus admirables souffleurs sur la genèse de ce disque de pur plaisir.
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Comment a germé l’idée de l’album « Move » ; comment l’avez-vous construit, qu’il s’agisse du programme ou des arrangements et réorchestrations de Manuel Doutrelant ?
Le projet de « Move » est né pendant le premier confinement et j’en ai imaginé le programme en dialogue avec Christian Girardin (directeur d’Harmonia Mundi ndlr). Au fil des discussions nous nous sommes focalisés sur le thème de la trompette au cinéma, en nous rendons compte que cet instrument, populaire au meilleur sens du terme, est très présent dans les musiques de film : plutôt que de faire un disque autour du cinéma, nous avons préféré faire un programme autour de la trompette au cinéma.
Nous nous sommes mis à chercher – il y aurait de quoi remplir plusieurs disques ! – et nous avons retenu les solos les plus marquants. Il était impossible de passer à côté du Parrain ou de La Strada ; Nino Rota est pour moi l’un des plus grands compositeurs de musiques de film. Nous sommes allés chez Morricone aussi avec Pour une poignée de dollars. Christian m’a suggéré les Demoiselles de Rochefort : il y a très longtemps que j’avais envie de faire quelque chose autour de la Chanson des Jumelles ; l’occasion était toute trouvée !
Un fois le programme déterminé, il a fallu choisir ce qui serait enregistré avec mon Sextet, avec le Anne Paceo Trio ou avec orchestre. Pour les Demoiselles de Rochefort, à côté du sextet, nous avons fait la part belle au trio, qui apporte quelque chose de léger et met l’accent sur la rythmique.
Il y a aussi des invités : Ibrahim Maalouf est à mon côté dans Ascenseur pour l’échafaud ; lui, apportant son côté improvisateur, moi, m’inspirant plus de Miles Davis, sans vouloir l’imiter ... car il est absolument inimitable ! Le saxophone de Raphaël Imbert prend quant à lui part à The Dream issu de Dingo, film oublié dont la musique, signée Michel Legrand, est très réussie.
Comment a germé l’idée de l’album « Move » ; comment l’avez-vous construit, qu’il s’agisse du programme ou des arrangements et réorchestrations de Manuel Doutrelant ?
Le projet de « Move » est né pendant le premier confinement et j’en ai imaginé le programme en dialogue avec Christian Girardin (directeur d’Harmonia Mundi ndlr). Au fil des discussions nous nous sommes focalisés sur le thème de la trompette au cinéma, en nous rendons compte que cet instrument, populaire au meilleur sens du terme, est très présent dans les musiques de film : plutôt que de faire un disque autour du cinéma, nous avons préféré faire un programme autour de la trompette au cinéma.
Nous nous sommes mis à chercher – il y aurait de quoi remplir plusieurs disques ! – et nous avons retenu les solos les plus marquants. Il était impossible de passer à côté du Parrain ou de La Strada ; Nino Rota est pour moi l’un des plus grands compositeurs de musiques de film. Nous sommes allés chez Morricone aussi avec Pour une poignée de dollars. Christian m’a suggéré les Demoiselles de Rochefort : il y a très longtemps que j’avais envie de faire quelque chose autour de la Chanson des Jumelles ; l’occasion était toute trouvée !
Un fois le programme déterminé, il a fallu choisir ce qui serait enregistré avec mon Sextet, avec le Anne Paceo Trio ou avec orchestre. Pour les Demoiselles de Rochefort, à côté du sextet, nous avons fait la part belle au trio, qui apporte quelque chose de léger et met l’accent sur la rythmique.
Il y a aussi des invités : Ibrahim Maalouf est à mon côté dans Ascenseur pour l’échafaud ; lui, apportant son côté improvisateur, moi, m’inspirant plus de Miles Davis, sans vouloir l’imiter ... car il est absolument inimitable ! Le saxophone de Raphaël Imbert prend quant à lui part à The Dream issu de Dingo, film oublié dont la musique, signée Michel Legrand, est très réussie.
Pendant l'enregistrement avec Ibrahim Maalouf © Jan Dyver
Le titre de votre disque « Move » est aussi celui du Concerto pour trompette de Baptiste Trotignon qui s'insère dans le cours du programme. Cela signifierait-il que tout s’est construit autour de cette œuvre ?
Pas du tout. J’ai créé Move le 30 janvier 2020 en Finlande, avec l’Orchestre de Kuopio et Sasha Goetzel. Du fait de son caractère très cinématographique, ses deuxième et troisième mouvements en particulier, ce concerto m’a paru s’insérer tout naturellement dans le programme que me suis mis à échafauder un peu plus tard avec Christian Girardin.
J’en suis d’autant plus heureux que cette œuvre est le résultat d’un projet qui s’était mis en route fin 2017 alors que je jouais le Concerto n° 1 pour piano, trompette et cordes de Chostakovitch avec Alexandre Kantorow et l’Orchestre de Picardie dirigé par Samuel Jean, alors en activité à l’Orchestre d’Avignon. J’avais depuis longtemps envie de faire quelque chose avec Baptiste Trotignon. Samuel Jean et l’Orchestre d’Avignon ont donné l’impulsion à ce projet de concerto et d’autres orchestres se sont associés à l’entreprise, dont celui de Cannes (où la création française a eu lieu en février 2020), Picardie, Pau, etc.
J’adore ce que fait Baptiste en tant que pianiste. Je connaissais son Concerto pour piano (écrit pour Nicholas Angelich ndlr) et nous avons travaillé en étroite collaboration pour la composition de Move. Baptiste se posait pas mal de questions sur l’instrument, mais nous avons aussi parlé musique de façon plus générale : un échange extrêmement stimulant !
Le titre de votre disque « Move » est aussi celui du Concerto pour trompette de Baptiste Trotignon qui s'insère dans le cours du programme. Cela signifierait-il que tout s’est construit autour de cette œuvre ?
Pas du tout. J’ai créé Move le 30 janvier 2020 en Finlande, avec l’Orchestre de Kuopio et Sasha Goetzel. Du fait de son caractère très cinématographique, ses deuxième et troisième mouvements en particulier, ce concerto m’a paru s’insérer tout naturellement dans le programme que me suis mis à échafauder un peu plus tard avec Christian Girardin.
J’en suis d’autant plus heureux que cette œuvre est le résultat d’un projet qui s’était mis en route fin 2017 alors que je jouais le Concerto n° 1 pour piano, trompette et cordes de Chostakovitch avec Alexandre Kantorow et l’Orchestre de Picardie dirigé par Samuel Jean, alors en activité à l’Orchestre d’Avignon. J’avais depuis longtemps envie de faire quelque chose avec Baptiste Trotignon. Samuel Jean et l’Orchestre d’Avignon ont donné l’impulsion à ce projet de concerto et d’autres orchestres se sont associés à l’entreprise, dont celui de Cannes (où la création française a eu lieu en février 2020), Picardie, Pau, etc.
J’adore ce que fait Baptiste en tant que pianiste. Je connaissais son Concerto pour piano (écrit pour Nicholas Angelich ndlr) et nous avons travaillé en étroite collaboration pour la composition de Move. Baptiste se posait pas mal de questions sur l’instrument, mais nous avons aussi parlé musique de façon plus générale : un échange extrêmement stimulant !
Le Romain Leleu Sextet © Thomas Baltès
Vous donnez rendez-vous au public parisien le 25 avril à la Scala-Paris avec votre Sextet et le Anne Paceo Trio : qu’avez-vous concocté pour l’occasion ?
Nous allons partir de La Strada, dans la version épurée du disque, pour aller vers quelques extraits de « Face(s) à Face(s) », mon précédent disque avec le Sextet chez Harmonia Mundi, puis on entendra diverses pièces inscrites au programme de « Move ». Sloe, qui interprète Cheek to Cheek sur le disque, sera présente pour cette chanson.
Il s’agit d’un programme un peu festif qui permettra de se changer les idées au sortir de la période de l’élection présidentielle. Ce sera la première en concert d’un programme amené à tourner par la suite. Je me réjouis qu'elle ait lieu à la Scala-Paris, un lieu que j’aime et qui me paraît bien se prêter à un projet de cette nature.
Vous donnez rendez-vous au public parisien le 25 avril à la Scala-Paris avec votre Sextet et le Anne Paceo Trio : qu’avez-vous concocté pour l’occasion ?
Nous allons partir de La Strada, dans la version épurée du disque, pour aller vers quelques extraits de « Face(s) à Face(s) », mon précédent disque avec le Sextet chez Harmonia Mundi, puis on entendra diverses pièces inscrites au programme de « Move ». Sloe, qui interprète Cheek to Cheek sur le disque, sera présente pour cette chanson.
Il s’agit d’un programme un peu festif qui permettra de se changer les idées au sortir de la période de l’élection présidentielle. Ce sera la première en concert d’un programme amené à tourner par la suite. Je me réjouis qu'elle ait lieu à la Scala-Paris, un lieu que j’aime et qui me paraît bien se prêter à un projet de cette nature.
Propos recueillis par Alain Cochard le 14 avril 2022
« Move – The trumpet as a movie star »
Romain Leleu Sextet, Anne Paceo Trio, Sloe
25 avril 2022 – 19h30
Paris – La Scala-Paris
lascala-paris.com/programmation/romain-leleu-sextet/
Photo © Thomas Baltès
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