Journal

Théâtre Français de la Musique - Trois questions à Bettina Caignault


La disparition brutale en août 2007 de Pierre Jourdan, fondateur du Théâtre Français de la Musique et prince charmant qui réveilla le Théâtre endormi de Compiègne que la défaite de Sedan avait laissé inachevé le condamnant à un sommeil de 120 ans, plongea l'institution dans l'incertitude. C'est que pour s'assurer une entière liberté de choix le metteur en scène de télévision avait tenu à réussir son pari dans un splendide isolement, sans secours de l'Etat qui s'était contenté d'aider à la finition et à l'entretien de ce théâtre commandé par Napoléon III. L'ensemble des collectivités locales s'intéresse heureusement à son sort et son avenir dépend du choix que fera l'Etat entre divers projets qu'il vient d'examiner. Bettina Caignault préside l'association qui gère le Théâtre Français de la Musique et est à ce titre héritière de Pierre Jourdan : elle répond à nos questions.

A la mort du fondateur du Théâtre Français de la Musique, vous avez du réduire la voilure et la saison en cours est marquée par la modestie de sa programmation et par une baisse sensible – de 30 à 50 % - des prix. Quel objectif poursuivez-vous ?

Bettina Caignault : C'est un essai visant à attirer et à fidéliser davantage de public. Si nous voulons maintenir l'esprit de Pierre Jourdan, nous ne voulons pas pour autant mettre en péril les deux institutions : le Théâtre Français de la Musique et la salle de théâtre proprement dite. Les subventions avaient été rognées dans l'attente d'une décision sur le sort définitif du Théâtre Impérial. Pour 2007, les dotations s'établissaient comme suit : la région: 193.000 euros ; le département : 400.000 euros ; la ville: 230.000 euros.

Entre quels projets doit se faire le choix de l'Etat ? Et vers lequel vont vos préférences ?

B.C. : Je trouve personnellement qu'il y a surtout complémentarité des principaux projets. Le premier - j'y avais moi-même songé en raison de sa logique - c'est d'associer l'Orchestre de Picardie, entité régionale, et son chef Pascal Verrot porté vers le lyrique au Théâtre Français de la Musique. Ils ont en effet leur place dans cette salle pour y défendre le répertoire cher à Pierre Jourdan, celui du début du XIXe siècle délaissé à la fois par les baroqueux et par les orchestres modernes. Un second projet vise à associer la Compagnie Opera Fuoco de David Stern, son répertoire étant plutôt celui du XVIIe siècle. Je note une complémentarité entre les deux projets. Aucune contradiction en tout cas.

Vous semblez impatiente...

B.C. : C'est qu'il y a urgence ! Nous devons boucler la présente saison et prévoir la prochaine. Il y a des engagements de coproduction pour lesquels nous devons donner des réponses rapides. Nous souhaitons ainsi monter La Fausse Magie de Grétry avec Jérôme Corréas et ses Paladins : ça ne se décide pas au dernier moment.

Propos recueillis par Jacques Doucelin, le 23 octobre 2008

Programme détaillé de la saison 2008/2009

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles