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Swan Lake d’Alexander Ekman par le Ballet National de Norvège au TCE – Splash ! – Compte-rendu

En 2014, Vony Sarfati avait ouvert sa première saison de TranscenDanses avec la magnifique compagnie norvégienne que dirige la ballerine Ingrid Lorentzen : c’était un programme Kylian, et c’était éblouissant. Quant au suédois Alexander Ekman, dont  le tumultueux Swan Lake qu’elle vient d’accueillir au TCE , fit quelque bruit lors de sa création à Oslo en 2014, il s’agit d’un des créateurs les plus demandés de la nouvelle vague chorégraphique, jeune homme charmant par ailleurs à la ville et délicieusement sympathique. Si attachant, semble-t-il, que la nouvelle directrice du ballet de l’Opéra de Paris, Aurélie Dupont, lui a confié la troupe pour une création à la fin de l’année au Palais Garnier. Remous flatteurs, donc, et venue justifiée pour un pari qui semblait devoir être gagné. Mais…..

© Erik Berg
 
L’invite de l’affiche, on le savait, reposait sur une vision aquatique de ce Lac. Quoi de plus normal, après tout ? Sauf qu’il s’agit d’eau réelle, et que cela représente un tour de force pour la technique. Sur ce plan la performance est réussie, et tout fonctionne à merveille. En fait tout commence assez bien : un très enlevé et humoristique retour en arrière, avec des images du Lac traditionnel, une Plissetskaïa virevoltante, une Oulanova fantomatique, quelques dates, un petit rappel à l’ordre bien ficelé sur des ondées musicales signées Tchaïkovski, avant de se lancer dans une nouvelle aventure. Des Lacs détournés, on en a eu de nombreux, dont les plus intéressants sont la facétieuse version signée Mats Ek et celui, sombre et puissant, de Jean-Christophe Maillot, qui le présente d’ailleurs en mai 2017 à Istanbul.
 
Ici, le rideau se décide à se lever sur des silhouettes noires et encagoulées, qui glissent et battent l’eau en des gerbes fort bien agencées, sur un fond sonore obsédant signé Michael Karlsson. L’effet est séduisant. On attend la suite. Elle arrive, avec deux ballerines-cygnes, une noire, qui flanque des claques à l’autre, la blanche, qui la caresse. Le tout pendant un bon moment. On s’interroge …
 
Puis vient le développement, qui n’apporte que du vide, et aucune interrogation sur la reprise en main de cette étrange et sombre histoire. Il y a une drôle de fête, avec des ballons, des matelas pneumatiques sur lesquels glissent les danseurs, des clowneries qui ne font pas rire, une accumulation d’effets qui tombent à plat, sans queue ni tête. Et on se dit que ce Lac dont on attendait des vagues n’est finalement qu’un marigot. On l’espérait ludique, il n’est qu’infantile. Mais au moins, au aura vu, grâce à la productrice, laquelle a tous les courages, notamment d’enchaîner en juin sur le plus classique et beau Corsaire de Kader Belarbi, avec le Ballet du Capitole, et d’ouvrir en octobre sur le flamboyant et touffu Nijinsky de John Neumeier, l’une des plus impressionnantes plongées qui soient dans ce sombre drame de l’histoire chorégraphique. Le champ d’investigation est vaste…
 
Jacqueline Thuilleux

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Swan Lake ( chor. A. Ekman / Mus. M. Karlsson- -  Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 29 mars 2017.
A venir : Le Corsaire, Ballet du Capitole, les 20, 21, 22 juin 2017 / www.theatrechampselysees.fr/saison/danse/ballet-du-capitole-de-toulouse-kader-belarbi?parentTypeSlug=danse

Photo © Erik Berg

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